Happy Feet, paru en 2006, n'apportait rien de nouveau au cinéma d'animation. Son histoire - futile - est peut-être parvenue à charmer quelques bambins, mais ne possédait pas la fraîcheur de certains de ses prédécesseurs ou une perception particulière qui aurait pu accrocher les parents, à la recherche d'éléments plus substantiels que des pingouins dansants et chantants sur des airs populaires. Même si on avait espéré davantage de subtilités dans le second opus, on ne peut que se résigner et se résoudre aux limites dont disposent des manchots qui se trémoussent sur grand écran. Happy Feet Two est encore plus puéril que l'original. Pendant 90 minutes, on tente désespérément de sauver un groupe de pingouins empereurs prisonniers des glaces; une mission excessivement contraignante qui inflige une sorte de léthargie à l'ensemble du récit.
La morale du film s'approche dangereusement du credo que prêchait le livre Le secret, qui a connu un grand succès au Québec il y a maintenant quelques années. « Vous pouvez avoir, être ou faire tout ce que vous voulez », prônait le bouquin de croissante personnelle. Même si, dans le cas présent, c'est un macareux qui dicte ces préceptes censés encourager la poursuite de ses rêves, le résultat reste le même et inévitablement, on se heurte à l'utopie. Même avec beaucoup de volonté un pingouin empereur ne pourra jamais voler. « Chaque obstacle est une opportunité », dira aussi - pour renforcer le sermon de base - une mère manchot à son fils. Il n'y a rien de mal à inclure quelques propos moralistes dans une oeuvre pour enfants, mais faut-il qu'ils soient aussi évidents? De souligner les passages sermonnaires avec autant de vigueur - si peu de finesse - laisse un arrière-goût au cinéphile, qui se demande irrémédiablement si on se moque de son intelligence.
Comme si les créateurs n'avaient pas suffisamment de matière pour produire un long métrage uniquement sur les pingouins-musiciens, il a fallu qu'on mette également en scène deux crevettes voulant s'élever au sein de la chaîne alimentaire. L'idée était, certes, mignonne, mais leur présence n'est jamais vraiment justifiée et les séquences qui les mettent en vedette viennent freiner un récit qui ne pouvait se permettre ce genre d'entrave. Pourtant - aussi insignifiants soient-ils -, les seuls moments où la 3D soulève un certain intérêt sont ceux qui suivent ces crustacés téméraires.
Côté qualité technique, Happy Feet Two n'a rien à envier à ses opposants - mais vice-versa. Le long métrage de George Miller n'est en aucun cas révolutionnaire ou précurseur au niveau de l'animation. On pourrait même aller jusqu'à dire que les pingouins de Madagascar et ceux de Surfs's Up étaient aussi bien maîtrisés, mais, eux, au moins, ils avaient quelque chose à raconter de moyennement pertinent. Il y a tout de même une qualité que l'on doit accorder à la production de Dr. D Studios (la bannière de Miller); c'est la somptuosité de ses personnages humains. Ce n'est pas toutes les compagnies d'animation qui parviennent à recréer l'homme dans toute sa complexité, et l'équipe derrière Happy Feet est arrivée à un résultat impressionnant... Dommage que les humains ne soient pas les protagonistes de l'oeuvre.
Aussi adorable soit le petit Erik et aussi entraînante soient les quelques chansons qui parsèment l'oeuvre (mis à part le chant lyrique injustifiable du petit pingouin), Happy Feet Two ne peut faire compétition avec les autres films d'animation, toujours de plus en plus performants techniquement et narrativement. Pour une oeuvre qui clame que « l'imagination est le deuxième degré de la folie », ses créateurs mériteraient sans conteste un stage chez Pixar pour enrichir cette folie qu'ils vénèrent sans l'appliquer.
Happy Feet Two est encore plus puéril que l'original. Pendant 90 minutes, on tente désespérément de sauver un groupe de pingouins empereurs prisonniers des glaces; une mission excessivement contraignante qui inflige une sorte de léthargie à l'ensemble du récit.
Contenu Partenaire