Je suis de la génération des Mighty Ducks. Charlie Conway, c'était mon ami, et Gordon Bombay est le meilleur joueur de hockey de tous les temps (198 buts à sa dernière saison pee-wee). Je connais les Frères bagarreurs, Goldberg, le lancer coup de poing et j'ai toujours trouvé Julie « le Chat » Gaffney très jolie (mais ça n'a pas marché entre nous), alors quand le cinéma québécois décide de s'intéresser au monde du hockey mineur dans un film résolument familial, cela devient aussi majeur qu'un retour des Mighty Ducks (ou la fin du lock-out).
Les Pee-Wee : L'hiver qui a changé ma vie s'adresse donc au même public de jeunes enthousiastes amateurs de hockey que j'étais à l'époque des Ducks. Et la proposition québécoise ne souffre pas de la comparaison : voilà un film compétent, capable de jolis moments d'humour et mettant en vedette d'attendrissants personnages qui sont souvent crédibles. Tout n'est pas parfait, comprenons-nous bien, mais la proposition du réalisateur Éric Tessier est amusante et sincère.
Parmi les problèmes, notons les quelques « emprunts » textuels aux Mighty Ducks, les quelques clichés notamment concernant l'équipe russe (la Guerre froide est terminée, en passant), les quelques caméos forcés, et l'inutilité totale du 3D. Combien de pucks peut-on lancer vers la caméra en deux heures? Dans quel but (le jeu de mot n'est pas voulu)? Les Pee-Wee : L'hiver qui a changé ma vie ne serait certainement pas moins efficace en simple 2D.
Les jeunes acteurs, Antoine Pilon en tête, sont efficaces et crédibles, même si leur jeu est parfois figé. Rémi Goulet, Alice Morel-Michaud et William Monette sont cependant tout à fait capables de donner la réplique à Guy Nadon, un acteur émouvant, à Claude Legault, dont le personnage ajoute beaucoup au niveau sportif, et à Normand Daneau. Les acteurs adultes sont tous parfaitement conscients du film dans lequel ils sont et s'y consacrent entièrement, avec une grande efficacité. Les dialogues sont cependant forcés par moments, alors qu'on tente de faire passer de l'information et d'augmenter les enjeux. Les péripéties sont par contre très bien trouvées et viennent souvent dynamiser le récit qui s'étire un peu avant de se terminer précipitamment.
Les séquences de jeu sont majoritairement crédibles, malgré les habituelles manipulations scénaristiques de défenseurs qui laissent passer les joueurs adverses quand on a besoin d'un but. On est loin cependant de l'aspect burlesque et cartoon de l'équipe de l'enfant prodige du Minnesota, et le hockey est traité le plus sérieusement possible dans un tel contexte, d'autant que les thématiques abordées (la violence, la pression des parents, le leadership, etc.) sont traitées avec minutie et une certaine maturité (voir les commotions cérébrales).
J'avais six ans lors de la sortie de The Mighty Ducks. Si j'avais six ans aujourd'hui, je serais tout à fait comblé par Les Pee-Wee : L'hiver qui a changé ma vie.