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Doppleganger iranien.
Le thème du double est un sujet maintes fois vu sur les écrans de cinéma. La liste des œuvres qui traite de cela sont légion dans l’Histoire du cinématographe, que ce soit par la simple gémellité, par le biais du clone ou encore une projection de l’esprit, des multiples personnalités voire même une banale ressemblance. Et on pourra remarquer que la plupart le fond par le prisme du film de genre, que ce soit par celui du cinéma fantastique, celui du thriller à tendance psychologique ou non ou autre. L’investir sous l’angle purement réaliste comme ici dans « Les Ombres persanes » est plus rare. D’autant plus qu’il s’agit d’un film iranien, un cinéma qui ne braconne que très rarement dans ces terres plus bis du cinéma. Et ajoutons également qu’ici, ce sont le mari et la femme d’un couple qui fait la rencontre de leurs doubles exacts. Hormis Jordan Peele dans le perturbant et complexe film de genre « Us », personne n’avait osé. Et c’est peut-être là que le bât blesse : prendre un postulat pareil et le traiter avec sérieux et comme si cela était possible ne fonctionne qu’à moitié.
En effet, quelle est la probabilité dans ce monde concret qui est le nôtre que deux couples soient des sosies parfaits l’un de l’autre et qui, en plus, habitent à côté? Cette probabilité est proche de zéro voire totalement inexistante. Cela crée dès le départ un détachement de la réalité qui ne joue pas en faveur de « Les Ombres persanes » et qui se répercute sur l’investissement du spectateur dans l’intrigue proposée ici. On regrette aussi que le déroulement du scénario ne soit pas plus ample, plus mystérieux et passionnant. Finalement (et contrairement à « Us » et ses développements plus dingues les uns que les autres), le script proposé ici ne casse pas quatre pattes à un canard. Une histoire de mutation et d’excuses qui irait bien mieux dans un thriller social à la Asghaf Farhasi que dans ce contexte de doppleganger. Pas inintéressante ni mal négociée pour autant, le scénario n’est juste pas vraiment en adéquation avec un tel sujet, surtout quand on connaît l’appétence de Mani Haghighi pour les histoires perchées comme le prouvent ses précédents longs-métrages, « Valley of Stars » ou « Pig ».
Il n’empêche, « Les Ombres persanes » parvient tout de même à nous captiver notamment grâce au (double) jeu de ses deux acteurs principaux, Hasan Majuni et Leila Hatami. Dans des rôles dédoublés, ils ne sombrent pas dans un jeu forcé destiné à montrer que les doubles sont opposés mais dans une zone de gris et de nuances plus réaliste et justifiée comme le nécessitait le chemin pris par le film. Ce thriller pluvieux moins fou et tortueux que prévu nous capte donc tout de même, malgré le fait qu’il gâche un postulat incroyable en restant trop terre-à-terre. On est tout de même quelque peu bousculé, intrigué et dans un doute permanent. L’incroyable et vertigineux final, tout aussi improbable que le reste, nous prouve néanmoins que tout le film aurait pu être de cet acabit. Un thriller pour le moins maîtrisé et qui fait passer un relatif bon moment, nappé dans un mystère peut-être trop timide et quand bien même on en attendait totalement autre chose.
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