Les petits garçons, qui avaient été longtemps délaissés par le cinéma d'animation de Disney (complètement obnubilé par ses princesses), ont maintenant droit à des divertissements de qualité, au même titre que les filles. Wreck-It Ralph a démontré en 2012 l'intérêt du studio d'étendre son public cible, et Big Hero 6 vient maintenant confirmer ces intentions. Évidemment, Big Hero 6 peut aussi plaire aux filles - on y a d'ailleurs ajouté deux personnages secondaires féminins forts pour tenter de les accrocher -, mais il y a une volonté incontestable de séduire les petits bonshommes, fans de Kung Fu, de robots et de superhéros.
Nous ne le nierons pas, le personnage de Baymax est la vedette de cette production et son élément le plus extraordinaire. Excessivement attachant, le robot est un assistant médical robotique imaginé par le grand frère du protagoniste alors qu'il étudiait à l'institut de technologie de San Fransokyo. Le robot est une « grosse guimauve » blanche adorable et magnanime. Vu sa taille imposante, il a du mal à se déplacer, ce qui provoque des situations cocasses que les enfants (et les parents) adorent. En l'absence de Baymax, ce film n'aurait définitivement pas eu la même trempe. Parce que les autres personnages sont colorés et rigolos, mais ne possèdent pas suffisamment de pouvoir attractif pour faire seuls l'objet d'un long métrage.
Il faut aussi absolument souligner, au passage, le fabuleux travail de l'acteur Paul Doucet qui prête sa voix au robot-infirmier dans la version française québécoise. Il arrive qu'on reconnaisse aisément le comédien derrière un personnage animé, et cette situation est particulièrement désagréable pour l'adulte, incapable d'oublier le visage d'Yves Corbeil ou celui d'Anne Dorval. Mais ici, on distingue à peine Doucet, et on associe instinctivement, sans plus de réflexion, cette voix à celle de Baymax. Le reste de la traduction est également très bien effectuée, comme elle l'est presque toujours dans le cas des films des Disney.
Comme c'est généralement le cas, il n'y a pas que des adjuvants dans Big Hero 6, il y a un ennemi et certaines conjonctures angoissantes y sont associées. Le méchant est effrayant avec son masque de Kabuki et ses mini-robots noirs qui l'accompagnent dans ses mouvements. Heureusement, la pureté du Baymax et les teintes arc-en-ciel des costumes de superhéros de la bande des 6 viennent compenser pour l'ambiance glauque qu'amène le vilain. Un peu en corrélation avec l'obscurité entourant ce personnage infâme, l'une des thématiques principales exploitées dans ce film est celle du deuil. La mort est assez bien illustrée pour ne pas être alarmante, mais elle est indéniablement omniprésente au sein de cette production, couplée avec les mêmes valeurs que nous communique généralement ce genre de film, soit l'amitié, la famille, la confiance et l'amour. On y ajoute même une petite pensée pour l'importance d'une bonne scolarité, ce qui n'est généralement pas la thématique que priorisent les studios.
Le seul bémol qu'on peut soulever quant à Big Hero 6, c'est peut-être une certaine distorsion dans sa ligne temporelle. Comme on fait certains retours en arrière (souvent grâce à des vidéos écoutées par le protagoniste), il aurait peut-être été intéressant de mentionner combien de temps sépare chacun des évènements, la compréhension des agissements des différents personnages en aurait été améliorée.
Encore une fois, Disney réussit son coup. Big Hero 6 est une autre preuve qu'acheter les droits cinématographiques de Marvel était une décision éclairée (même si cette décision éclairée leur a coûté 4 milliards $).