The Words ne manque pas de bonnes intentions, d'imagination et même d'esprit, mais ce principe d'histoires intercalaires (un auteur narre son roman qui lui dépeint le récit d'un homme qui a volé l'histoire d'un autre et est devenu célèbre grâce à cette dernière, qui est également, à un moment, racontée par un autre adjuvant) est complexe et demande une certaine maîtrise que le film - malgré son charme narratif - ne détient pas. Lorsque le public est préparé à faire face à une oeuvre complexe, composite, il ne se plaindra guère des tournures alambiquées du long métrage, mais puisque The Words est présenté comme un drame romantique assez rudimentaire, l'imbroglio des situations n'est pas aussi bien accueilli qu'il le devrait.
Chacun des chapitres - l'un se déroulant après la Deuxième Guerre mondiale, les deux autres à notre époque - est par contre assez bien défini visuellement. Le passé est représenté grâce à une image vieillotte, texturée, alors que le présent se détaille de manière claire. Cette distinction contribue à l'intelligibilité du film, mais ne fait, malheureusement, pas tout le travail. On a accordé si peu d'importance au premier tronçon de l'histoire (celui duquel découlent les deux autres) qu'on se demande s'il est vraiment utile. Ce romancier charismatique et sa jeune admiratrice ne font que ralentir le rythme des chroniques subséquentes sans apporter rien de suffisamment pertinent au film - si ce n'est qu'une réflexion incomplète sur l'importance de la réalité dans certaines fictions - pour justifier leur présence au scénario.
Bradley Cooper est généralement assez convaincant dans le rôle d'un auteur new-yorkais désespéré qui, après avoir retrouvé les écrits d'un inconnu dans une mallette achetée dans une brocante à Paris (situation, d'ailleurs, excessivement irréaliste), décide de les recopier et de se les approprier. C'est probablement, d'ailleurs, cette portion du film qui est la plus intéressante. Ce débat moral d'un auteur qui aspire à la gloire et qui a entre ses mains les moyens d'y arriver mais doute de leur légitimité s'avère suffisamment captivant pour retenir le spectateur pendant une heure trente, nul besoin d'y agrafer la version de celui à qui il a subtilisé les écrits et celle de cet écrivain séduisant et blasé (qui pourrait être lui si on en croit les insinuations), qui ont, de toute façon, des thématiques et des intentions bien différentes et plus implexes.
Les Montréalais reconnaîtront plusieurs endroits appartenant à leur ville dans ce film qui a été tourné, l'été dernier (2011), dans la métropole québécoise. Il sera difficile de berner les Montréalais avec les images de cette ville que l'on prend parfois pour Paris, parfois pour New York, mais les Américains, eux, n'y verront que du feu!
The Words, malgré son intrigue mixte et emmêlée, soulève tout de même certains questionnements pertinents et fait preuve d'ingéniosité pour rassembler les trois récits si dissonants. L'enviable brochette d'acteurs (Bradley Cooper, Olivia Wilde, Zoe Saldana, Ben Barnes, Jeremy Irons, Dennis Quaid) n'est définitivement pas utilisée à son plein potentiel mais parviendra peut-être à attirer des curieux dans les salles en ce mois de septembre, si peu populaire chez les cinéphiles.