Le déclin du géant se poursuit. Depuis quelques années, les films de Marvel semblent avoir perdu de leur superbe. En dehors de Guardians of the Galaxy Vol. 3 et de Black Panther: Wakanda Forever, leurs longs métrages peinent à convaincre. Et ce n'est pas The Marvels qui viendra changer la donne, bien au contraire.
Le tout avait pourtant bien commencé. Son prédécesseur, Captain Marvel (2019), était parvenu à mettre la table d'une belle façon. Sans crier au génie, il s'agissait d'un récit d'introduction tout à fait potable à une héroïne hors du commun. Dommage que sa suite ne soit pas à la hauteur.
Le meilleur parallèle pour décrire cette déception apparaît au début du récit. Sans qu'elle ne sache pourquoi, les pouvoirs de Captain Marvel (Brie Larson) s'entremêlent avec ceux de sa nièce Monica (Teyonah Parris) et de Miss Marvel (Iman Vellani). Devant le chaos en place (le piètre montage n'aide pas), le spectateur ne sait plus où donner de la tête.
Cette confusion devient la métaphore par excellence du script qui est à la fois brouillon, bordélique et incohérent. Même si on a vu tous les films de la série, le scénario ne fait aucun sens, continuant l'intrigue développée sur la série Ms Marvel. L'impression est grande de se retrouver non pas face à une oeuvre de cinéma, mais devant quelques épisodes de télévision greffés artificiellement ensemble.
Les bonnes idées ne manquent pourtant pas. On y célèbre la sororité et le pouvoir féminin. Quelques séquences intimes permettent de forger une réelle complicité entre les personnages, alors que deux ou trois moments feront instantanément sourire. C'est le cas de cette séance chantée et dansée digne de Bollywood, ou encore l'apport de tous ces chats trop mignons. Puis il y a la première scène cachée qui annonce le croisement de super-héros que l'on n'attendait plus...
L'ensemble est toutefois plombée par des dialogues surexplicatifs, un sentimentalisme collant et des retournements de situation prévisibles. Omniprésentes, les scènes d'action sentent le déjà-vu et elles sont gâchées par des effets spéciaux inégaux. Il n'y a rien de bien spectaculaire au menu. Au contraire, un sentiment de marasme s'installe rapidement et il ne disparaîtra jamais complètement.
Comme ce fut le cas de Chloé Zhao sur son décevant Eternals, la production est parvenue à contenir tout le talent de sa cinéaste. Nia DaCosta est une excellente réalisatrice, comme en fait foi son travail sur Little Woods et le remake de Candyman. Sauf que cela ne paraît jamais à l'écran tant elle ne semble que remplir un simple cahier de charges. Bientôt, ce sera l'intelligence artificielle qui remplira son rôle.
Le constat est le même chez les actrices. Brie Larson n'aura jamais paru aussi monolithique, Teyonah Parris (If Beale Street Could Talk) semble s'ennuyer à mourir et seule la pétillante Iman Vellani amène un peu de pep. Face à elles, Zawe Ashton ne peut que baisser pavillon, campant une antagoniste peu convaincante.
Avec sa courte durée (à peine 105 minutes) et son ton léger, The Marvels aurait pu être l'épisode le plus amusant et divertissant du lot. Il s'apparente malheureusement au récent Ant-Man and the Wasp: Quantumania, se trouvant rapidement sur le pilote automatique, n'amenant absolument rien de nouveau à une série qui est déjà rendue à son 33e long métrage. C'est sûr et certain que de sortir trois films par année n'aide pas en termes de qualité. À force d'étirer l'élastique, on a fini par pendre cette poule aux oeufs d'or qui paraissait, jusqu'à tout récemment, éternelle.