Depuis le triomphe d'Harry Potter, les studios hollywoodiens sont en quête perpétuelle de franchises pour séduire le public adolescent. Puisqu'il n'y en a pratiquement plus aucune de viable en 2018, ils ont décidé d'en créer de nouvelles en se basant comme toujours sur des livres à succès. La dernière en liste est The Darkest Minds, une adaptation du premier tome de la série qu'Alexandra Bracken a publié en 2012.
L'intrigue évidemment dystopique sur fond d'enfants et d'adolescents décimés, de survivants envoyés dans des camps à cause de leurs pouvoirs spéciaux, de classes sociales et de résistants est un mélange entre Hunger Games et X-Men. En fait, on retrouve à un moment ou à un autre des éléments de tous les longs métrages passés s'adressant à la même clientèle : Divergent, Maze Runner, The 5th Wave, Push... Il devient de plus en plus difficile de départager ce qui appartient à l'un et à l'autre tant les histoires et les personnages se ressemblent. Surtout que cette fois, notre héroïne peut contrôler des gens de la même façon que les Jedi dans Star Wars.
Devant cette redondance inhérente et ce sentiment de déjà-vu, le scénario tente de se la jouer rassembleur, changeant constamment de ton et de style, créant un amalgame improbable et chancelant entre la science-fiction, le suspense, la chronique sociale, le pensum philosophique, le récit d'initiation, la comédie légère, la romance, etc. Il y a plusieurs bonnes idées qui sont évoquées, sauf qu'aucune n'est réellement explorée. Ainsi un des dons intéressants de la protagoniste est de pouvoir effacer sa présence des souvenirs d'autrui. Une immense possibilité narrative qui est réduite à sa plus simple expression, soit celle de vouloir faire pleurer lors d'un détour sentimental sirupeux.
Plombé par de lourds discours moralisateurs sur la nécessité de s'assumer et de contrôler ses peurs (on se croirait presque dans A Wrinkle in Time), le film trouve son rythme et son énergie lors des séquences plus explosives. Des moments divertissants et généralement bien retroussés qui ne brillent toutefois pas par leur originalité. Sans être à tout casser, la mise en scène de Jennifer Yuh Nelson (Kung Fu Panda 2 et 3) offre quelques flashs valables, dont cette vue aérienne d'un cimetière d'autobus scolaire.
S'il y a une seule raison de s'attarder à ce projet, c'est pour la performance d'Amandla Stenberg dans le rôle principal. Ce n'est pas la première fois qu'on voit cette jeune chanteuse au cinéma, mais elle brille ici de mille feux, n'ayant rien à envier à Jennifer Lawrence ou Shailene Woodley par sa fougue et sa sensibilité. On ne peut en dire autant de ses partenaires de jeu, notamment la fade Mandy Moore et Harris Dickinson qui semble trouver le temps long après avoir participé au magnifique Beach Rats.
Difficile d'être surpris ou nourri devant The Darkest Minds, qui livre tièdement la marchandise sans se poser trop de questions, sans se soucier de ne pas ressembler aux 100 autres productions interchangeables qui l'ont précédée. En cas de succès, les suites vont rappliquer rapidement (le 6e roman vient tout juste de sortir). Sauf qu'on est seulement au premier volet cinématographique et on sent déjà l'essoufflement. Ce sera quoi sur les prochains?