À l'instar d'Halloween et The Exorcist, quelqu'un, quelque part, a eu l'idée de ressusciter la franchise moribonde The Strangers afin de proposer une toute nouvelle trilogie aux amateurs de tueurs masqués sans motif particulier.
Le problème, c'est que l'idée de base de The Strangers est en soi assez peu substantielle sur le long terme.
Sans surprise, ce The Strangers: Chapter 1 est un quasi copier-coller du film que nous proposait Bryan Bertino il y a seize ans. Les qualités, le choc initial et les effets de surprise en moins.
Pour une raison ou pour une autre, la chaise du réalisateur a été confiée cette fois-ci à l'ultime tâcheron d'Hollywood, Renny Harlin. Un cinéaste capable de s'adapter à toutes les prémisses et à tous les genres, mais livrant des résultats qui dépassent rarement le seuil de la respectabilité.
Nous suivons donc le jeune couple anonyme numéro 3493, qui a décidé de célébrer ses cinq années de vie commune en entreprenant un roadtrip dans l'ouest des États-Unis. Lorsqu'ils arrivent dans une (très) petite localité de l'Oregon, leur voiture tombe en panne, les forçant à passer la nuit dans le seul Airbnb du coin, lequel est situé au fin fond des bois (évidemment).
Tout comme dans l'opus original, une adolescente cogne à la porte au beau milieu de la nuit, feignant de chercher une certaine Tamara. C'est alors que nos trois camarades masquées se mettent à jouer avec les nerfs des deux voyageurs. Et tous ceux familiers avec le matériel d'origine peuvent déjà parier un p'tit deux sur la façon dont le tout va se terminer. Ou presque...
The Strangers: Chapter 1 s'impose à la fois comme un antépisode, un remake et un redémarrage. Nous traversons ici le même schéma narratif que le suspense mettant en vedette Scott Speedman et Liv Tyler, mais au pas de course, comme si Harlin et les scénaristes étaient pressés de se débarrasser de ce passage obligé pour passer aux choses sérieuses lors du prochain épisode.
Déjà, en remplaçant le couple en crise du film de Bertino par deux amoureux filant le parfait bonheur - et qui ne sont définitivement les pingouins qui glissent le plus loin lorsque leur vie est en jeu, Chapter 1 perd une bonne partie de son intérêt sur le plan dramatique.
Harlin tente bien à quelques occasions de miser sur l'atmosphère sonore, les déplacements hors champ et les décisions et comportements atypiques de ses trois tourmenteurs pour créer un minimum de tension, mais sans succès. Tout ici est tellement télégraphié, la réalisation si désintéressée et le montage on ne peut plus incompétent qu'il devient impossible de s'investir un tant soit peu dans l'intrigue.
Et tout cela est sans compter le fait que le réalisateur et ses acolytes prennent réellement les spectateurs pour des imbéciles, appuyant chaque action ou prise de décision d'une réplique explicative aussi lourde et artificielle qu'insignifiante.
Le tout n'est pas non plus aider par le fait que le maître de cérémonie - et c'était déjà un problème au départ - ne sait pas quoi faire de ses trois terreurs sur le plan formel, se contentant de répéter ad nauseam le bon vieux « là tu me vois, là tu ne me vois plus » en faisant abstraction de toutes formes de logique interne.
Les trois chasseurs n'ont tout simplement aucune prestance, n'imposent aucune crainte, aucune menace, car leur composition très limitée sur papier (et c'est voulu) n'est aucunement compensée de manière physique ou diégétique.
Pour tous ceux qui auront le courage de s'y rendre, l'avant-dernière scène du film demeure un parfait résumé de tout ce qui ne fonctionne pas avec The Strangers: Chapter 1. Il s'agit fort probablement du point culminant le plus mou, brouillon et inefficace que nous ait donné le cinéma d'horreur américain au cours des dernières années.
Et dire que ce n'est que le début...