Si ce n'était des 45 dernières minutes qui n'apportent rien au récit et prolongent inutilement la production, Les gamins se retrouverait probablement dans mon top 10 des meilleures comédies françaises des dernières années. Mais comme ces minutes, censées mousser l'aspect romantique (auquel on apporte très peu d'importance avant ces derniers instants), alourdissent l'ensemble du film et nous amènent à reconsidérer notre intérêt global, Les gamins glisse dans le top 20; ce qui n'est pas mauvais pour autant.
Dès les premières images et les premières répliques, le long métrage français nous conquiert grâce à un humour franc et vulgaire (dans le même type que celui d'Apatow aux États-Unis). Les gamins n'y va pas dans la dentelle, il parle de voisin qui baise son chien et nous montre, sans indignité, deux adultes fumer un joint dans un parc pour enfants. La trivialité des personnages principaux apporte une délinquance qu'il est rafraîchissant de voir dans une comédie française.
Max Boublil est charmant et attachant dès les premiers instants, tout comme Alain Chabat qui déconcerte par son franc-parler et ses manières rustres. Probablement qu'en allongeant les délires des deux éternels adolescents, la production s'en serait mieux sortie globalement. On a l'impression de ne pas en avoir assez de leurs débauches et leurs folies, on en aurait pris encore, surtout qu'on coupe leur fièvre au profit d'une histoire d'amour à laquelle on ne croit pas. La complicité entre les deux (anti-)héros est palpable et beaucoup plus opérante que celle qu'ils démontrent avec leur amoureuse respective.
Anthony Marciano, le réalisateur, et Max Boublil, l'un des acteurs, ont écrit conjointement les textes tranchants du long métrage. Il y a des dizaines de répliques dans ce film qui méritent d'être citées, des dizaines de répliques qui feront éclater de rire le public concerné (probablement que la vulgarité dérangera certains, mais ceux qui apprécient Judd Apatow et sa bande seront certainement enchantés de leur humour cassant).
Comme dans toutes bonnes comédies, les personnages secondaires ont aussi leur part de responsabilité dans la réussite de l'ensemble. Alban Lenoir, qui incarne le nouveau petit ami de l'ex-copine du protagoniste, est hilarant dans ce personnage trentenaire qui préfère les femmes d'âge mûr, et les deux femmes principales de la production - Sandrine Kiberlain et Mélanie Bernier - sont tout à fait compétentes et crédibles dans leur rôle.
Malgré ses quelques défauts - on aurait dû davantage s'intéresser à l'aspect « humoristique » plutôt qu'à s'entêter sur la romance -, Les gamins mérite d'être considéré et applaudi pour les nombreux fous rires et surprises qu'il nous procure. Anthony Marciano est définitivement un nom à retenir. Le jeune réalisateur commence à peine sa carrière et déjà on peut voir poindre un avenir florissant.