Les filles du botaniste n'est ni une véritable diatribe sur le régime chinois des années rouges, ni un film d'amour comme les autres. C'est plutôt un drame indécis, qui manque de profondeur et de saveur. Un gâteau sans sucre avec un glaçage coloré.
Co-production Québec-France du réalisateur de Balzac et la petite tailleuse chinoise, Dai Sijie, Les filles du botaniste met en scène l'amour interdit de deux jeunes femmes sous le régime totalitaire chinois des années 80. Plutôt intemporel, ce drame honnête demeure cajoleur et modeste, tant par sa sensualité que par la vigueur de ses dénonciations.
Min, une jeune orpheline, se rend chez un célèbre botaniste pour un stage de six semaines. À son arriveé, elle fait la rencontre de Li, la fille du botaniste. Les deux jeunes femmes débutent rapidement une complicité plus qu'amicale et, alors que leur passion est interdite en Chine, feront tout pour ne pas avoir à se quitter.
On était en droit de s'attendre aux magnifiques paysages qu'offre Sijie. Sans trop appuyer, les montages et les forêts luxuriantes du Viet-nâm, qui sert ici de doublure, rythment la lente histoire et les aventures de deux jeunes femmes, bercées par la musique d'Éric Lévi. Sauf qu'au-delà, le développement psychologique des personnages se fait difficilement, et les personnages masculins servent de pantins un peu bêtes qui servent à faire progresser le récit lorsqu'il commence à tourner en rond. Sensuel mais jamais érotique, la passion des deux jeunes femmes développe lentement et avec grande retenue, ce qui est regrettable considérant que c'est tout ce qu'il y a à dire et à voir, une fois le jardin exploré.
Niveau interprération, l'étonnante Mylène Jampanoï campe un personnage stoïque, au temps asceptisé où le gouvernement avait le pouvoir même sur les esprits. Pas mièvre, ni monotone, plutôt curieuse, son interprétation est ce qui semble le moins arrangé du film. Une performance bien sûr rehaussée par le jeu de Li Xiaoran, sincère et démunie.
Dommage que le propos dénonce si mollement le despotisme et la limitation des libertés, par quelques clins-d'oeil comme un perroquet ou un dénouement qui marque une rupture impardonnable dans la poésie jusqu'alors installée par le rythme lent et contemplatif. Terminé à la va-vite, le film laisse un goût amer et déçoit d'autant qu'on avait apprécié jusque-là la retenue et la subtilité de l'ensemble.
Au final, Les filles du botaniste est presque un album-photo, avec ses paysages exaltés et sa magnifique composition. Un album de souvenirs, pour se rappeler du temps où on vivait sans soucis. Mais une époque qui ne laisse malheureusement pas que de bons souvenirs.
Les filles du botaniste n'est ni une véritable diatribe sur le régime chinois des années rouges, ni un film d'amour comme les autres. C'est plutôt un drame indécis, qui manque de profondeur et de saveur. Un gâteau sans sucre avec un glaçage coloré.
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