Oubliez Fifty Shades Freed. En cette période de Saint-Valentin, le film le plus mignon et romantique est certainement Les faux tatouages.
Il n'y a souvent rien de plus difficile que de créer une oeuvre authentique sur l'adolescence et les premiers amours. Les clichés sont tellement nombreux qu'il faut parfois avoir une imagination débordante pour s'y reconnaître. Ce ne sera pas le cas de ce premier long métrage de fiction de Pascal Plante, qui ne manque surtout pas de fraîcheur.
Tout débute par une rencontre. Celle entre Théo (Anthony Therrien) et Mag (Rose-Marie Perreault), qui fraternisent après un spectacle de musique. L'idylle durera tout l'été. Mais pourquoi le jeune homme qui vient tout juste de célébrer son 18e anniversaire doit-il quitter Montréal pour refaire sa vie dans un petit village?
Le spectateur s'en doute dès la première scène qui se déroule dans l'obscurité. Même si le scénario prend soin de distiller ses informations au compte-goutte, personne n'est dupe. Il y a des remords et des regrets derrière ça. Ils s'expriment lors de détails trop écrits (sur l'alcool, les automobiles) et pendant une rencontre tardive. Une sous intrigue développée lourdement, présente pour donner une certaine profondeur aux êtres, pour expliquer l'inéluctable.
Beaucoup plus intéressant est ce premier contact qui fait des flammèches. Malgré quelques dialogues qui laissent à désirer, une sincérité ressort de cette relation entre Théo et Mag. On y traite de vrais sujets adolescents - le style vestimentaire, la musique - avec nostalgie, sans sombrer dans les stéréotypes d'usage. Cela s'exprime également lors de ce premier baiser parfois gauche entre deux individus qui ne se connaissent guère et lorsqu'ils poussent les festivités au lit. Un désir qui monte grâce aux regards, aux frôlements de mains, à cette complicité humoristique.
On y croit parce que le cinéaste prend le parti pris du temps. Les plans sont parfois longs, offrant l'espace nécessaire au réel pour se faire valoir. Sans doute que cela n'empêche pas l'apparition de certaines répétitions, mais mieux vaut ces maladresses que d'être complètement à côté de la plaque. Le cadre, ample, fait évoluer les âmes ensemble à l'écran sans recourir au montage, privilégiant l'interaction salvatrice. Une décision plus qu'honorable.
Évidemment, il faut compter dans ses rangs sur de bons acteurs pour réussir ce petit tour de passe-passe et on n'a rien à craindre de ce côté. Ayant fait ses preuves sur le très réussi Corbo, Anthony Therrien n'a aucun mal à donner ses lettres de noblesse à ce personnage torturé. Il se fait pourtant damer le pion par Rose-Marie Perreault, aperçue dans le mémorable Les démons, qui trouve un rôle particulièrement nourrissant. On imagine très bien le cinéphile avoir le béguin pour ce personnage charismatique.
En filmant les derniers balbutiements de la jeunesse réconfortante devant les grandes interrogations de l'avenir, Pascal Plante propose avec Les faux tatouages une création sincère, charmante et désarmante, dont les nombreuses imperfections liées à son inexpérience la rendent encore plus attachante. Tournée en seulement 15 jours, cela n'a pas empêché cette chronique sentimentale de prendre la route des festivals (Berlin, Slamdance). Tout cela est possible grâce à une bonne dose de talent, un réel amour et connaissance du médium, des interprètes enlevants... et une chanson de Daniel Bélanger qui fait ressortir l'émotion en moins de deux.