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Gévaudent..
Sorti en catimini dans les salles nord-américaines à la dernière minute alors qu’il était précédé d’une réputation flatteuse acquise dans les festivals (les aléas et paradoxes de la distribution, accentués par les mesures sanitaires de la crise), « The Cursed » est une excellente surprise bien qu’imparfaite. Vendu comme un film d’horreur d’auteur, on tente de le comparer aux œuvres des nouveaux rois du cinéma d’horreur indépendant que sont Ari Aster (« Midsommar »), Robert Eggers (« The Lighthouse ») ou encore David Cameron Mitchell (« Under the silver lake »). S’il en a l’ambition, on ne peut le nier, il n’arrive tout de même pas au niveau d’excellence des films des auteurs cités précédemment. La faute à un ventre mou dans la première partie qui désamorce un peu la tension et à quelques errances et incongruités dans le script (origine de la malédiction un peu erratiques entre bête du Gévaudan et gens du voyage, facilités narratives, ...). A cela on doit rajouter un petit détail : la créature proposée ici est une réussite puisque son design innove et qu’après plus d’un siècle de cinéma ce n’est pas forcément facile d’apporter du nouveau dans ce domaine. Les effets spéciaux, maquillages et trucages sont sensationnels pour une bête écœurante qui fera date (la scène dans la grange nous rappelle au bon souvenir de « The Thing »), un peu comme celle vue dans « Affamés » il y a quelques semaines. Mais un détail que l’on ne dévoilera pas, créé en effets spéciaux numériques, nous apparaît de trop et quelque peu en décalage avec le reste du design de la bête. Ceci mis de côté, on est face à une œuvre stylisée, originale sur pas mal d’aspects et qui s’est constitué un univers visuel et formel impeccable.
En effet, Sean Ellis est un cinéaste anglais issu du clip et réalisateur de quelques œuvres formellement soignées mais pas toujours réussies (on retrouve d’ailleurs ici, à moindre mesure, son talent pour travailler l’image mais ses défauts pour créer un récit limpide au montage clair). La campagne française du XIXème siècle est un terrain de jeu parfait pour que le réalisateur puisse exprimer ses talents visuels. Son travail sur les filtres (majoritairement gris) et les couleurs est admirable. On ne compte plus les plans sublimes s’apparentant à des tableaux gothiques faisant penser parfois au chef-d’œuvre de Tim Burton, « Sleepy Hollow ». Les cadrages sont parfaits tout comme le travail sur la brume et l’espace, notamment durant les séquences horrifiques (comme tous les plans délicieusement baroques avec l’épouvantail). Ajoutons à cela une bande sonore stridente et dérangeante participant de fait à l’atmosphère étrange et effrayante de « The Cursed ». Durant près de deux heures, on est donc conquis par ce film mêlant plusieurs courants du fantastique ainsi que des légendes et une forme d’horreur gothique bienvenue. Certes un peu long et non dénué de défauts, ce long-métrage racé, à l’ambiance glauque presque victorienne et aux images sublimes n’en demeure pas moins une proposition de cinéma de genre qui se range dans le haut du panier. Loin des sursauts faciles, du jeu d’acteur approximatif ou du déjà-vu récurrent dans ce style de cinéma. A voir pour le plaisir des yeux et se faire peur de manière inattendue.
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