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la force de l'énergie du désespoir de dire et de vivre
Ce film m'a jetée par terre, comme Mommy, mais il est encore mieux d'après moi. Je trouve que ce film est extraordinairement bon: les acteurs (Andréa Bescond et tous les autres) sont époustouflants, le scénario est époustouflant d'originalité et d'intelligence, la danse absolument époustouflante aussi, les images, la caméra, la musique, les chansons (en français pour une fois dans un film français, bordel!)
On ressent, on voit toute la colère, la douleur, la détresse qui ont envahi, paralysé cette enfant, cette femme. On est pris au ventre devant cet explosif désir de vivre, de dire, cette énergie désarticulée mais tellement parlante. Je trouve que tout est extraordinairement bon et original dans ce film: le scénar et les scénars, les dialogues qu'Odette se fait dans sa tête, pour trouver quoi, du réconfort, une sortie de secours, de quoi s'amuser de tout ce malheur; les danses, les chorégraphies renversantes de beauté et de force; les images d'une beauté parfaite, la musique. Et que dire de la formidable intelligence, justesse dans la description de toutes les relations, les parents.
Danse du cygne, danse
J'ai visionné ce film "à froid", c'est-à-dire sans visionner de bande-annonce ou lire d'articles à son sujet. Je crois qu'agir ainsi a rehaussé l'impact du film sur moi, qui fut positif. En premier lieu, j'ai beaucoup aimé le maniement des "flashbacks" de notre personnage principal, qui s'appropriait ces derniers avec mordant, humour - oui, humour - et clarté d’esprit. Le quatrième mur entre personnage et public n'est pas tant contourné que pulvérisé par notre Odette, qui nous parle directement… Odette, fille et femme adorable, adorée, trahie, puis libérée. Bravo!
Dur Réalité
à savoir qu'une enfant demande ces chatouilles
Un coup de poing au coeur!
A voir pour en parler. A voir pour exorciser. A voir pour que ça cesse.
J'ai beau être une cinéphile assidue, je n'ai jamais sentie une salle pleine aussi anxieuse et aussi en colère à l'unisson. On ne voir rien des abus de la petite, mais on les devine et c'est parfois pire!
C'est tellement bien joué que l'acteur qui joue Gilbert se serait fait agresser à la sortie de la salle si quelqu'un l'avait reconnu!
Karin Viard mérite son César, même si son personnage de mère sévère est détestable.
Je recommande!
Là où ça fait mal!
Le sujet est éminemment grave. Le genre d’histoire qui peut vite sombrer dans le glauque, le trop démonstratif ou s’avérer à côté de la plaque. Il s’agit ici d’attouchements sexuels sur enfants. Andréa Bescond qui en a été victime durant son plus jeune âge en a tiré une pièce de théâtre à succès qu’elle porte aujourd’hui sur grand écran. « Les chatouilles » devient alors une espèce d’œuvre psychanalytique, en forme d’exutoire, de catharsis. Ce qui pourrait devenir pesant ou lourd se révèle ici totalement lumineux alors que le sujet est traité de front, avec pudeur mais sans concession. Et ce n’était pas gagné. Le fait que la cinéaste ait écrit, réalisé et qu’elle joue son propre rôle dans le film lui assure également une caution d’authenticité non négligeable. Qui plus est, il recèle plein de trouvailles de mise en scène que l’on voit rarement dans une première œuvre française. Doublé d’un montage étonnant, le film brille par son inventivité formelle. « Les chatouilles » est d’une puissance émotionnelle rare et ne tombe jamais dans le portrait à charge en parvenant même, sur un fil ténu, à mélanger les genres entre comédie, drame, film de danse et même, par moments, des scènes surréalistes.
Et c’est peut-être le seul défaut du film. Parfois, les ruptures de ton sont brusques et pas toujours bien négociées. Les séquences avec la psychologue, entre souvenir, fantasme et fantasme de souvenir s’entremêlent parfois de manière incongrue et maladroite. Notamment au début du long-métrage où on est un peu surpris et malmené par cette construction pour le moins originale voire bancale au premier abord. Mais Bescond et son co-réalisateur de mari osent. Ils vont au bout de leur vision et parviennent finalement à nous la faire partager, à nous faire entrer dans leur univers. Cette psychanalyse par l’image est d’une force rare et « Les chatouilles » se positionne alors comme un film nécessaire et poignant, un film qu’il semble impossible de contester face au côté définitif de sa démonstration. Les moments plus dramatiques, que ce soit ceux situés dans le passé où l’on assiste à la manière dont sont pratiqués les attouchements sans jamais aucun voyeurisme ou ceux où l’on voit une Odette ne réussissant pas à se reconstruire une fois adulte, sont d’une puissance émotionnelle incontestable et d’une justesse inouïe. Mais Bescond instaure également un second degré salvateur ainsi qu’une distance appréciable par le biais de moments assez drôles et légers où elle essaye de se réconcilier avec son passé. Cet aspect comique, loin de désamorcer la gravité de la situation ou de la rendre acceptable, permet de faire souffler le spectateur et d’entériner intelligemment un message de prévention.
« Les chatouilles » jongle donc avec nos émotions avec malice et pudeur. Il a l’effet d’un ouragan à l’image de la personnalité d’André Bescond. Une actrice au tempérament incroyable qui donne tout ce qu’elle a et qu’on devrait retrouver à la prochaine cérémonie des Césars en bonne place. Mais il y aussi des séquences qui vous scotchent sur votre siège par leur dureté psychologique. On pense notamment à celles avec Karin Viard, littéralement et une nouvelle fois époustouflante, en mère indigne qui préfère fermer les yeux. Mais aussi à la scène poignante avec un amant compatissant mais à bout de forces finissant par renoncer joué par un impeccable Grégory Montel. Cette œuvre a l’effet d’un tsunami et pourrait être l’étendard de tous les gens abusés dans leur enfance et qu’on n’a pas écoutés. Alternant phrases chocs, moments comiques, répliques qui claquent ou encore séquences pétries de délicatesse, le film passe à une vitesse folle et nous emporte. Il faut juste assimiler les digressions inattendues et des ruptures de tons d’abord dérangeantes puis finalement en adéquation avec un film d’une sincérité à toute épreuve. Plein de vie et d’espoir, un film coup de poing, qui, vu dans sa globalité, s’affranchit de ses quelques maladresses de style. Bescond a réussi le pari de rendre accessible et de vulgariser un drame de tous les jours que beaucoup préfèrent taire. Et c’était un sacré challenge, gagné haut la main et avec une originalité folle et un sens du tempo hors du commun.
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