Les cavaliers de la justice Critiques des membres

Mille-feuilles nordique.

Imprévisible, étonnant et surprenant! Voilà des qualificatifs qu’il devient de plus en plus rare de trouver au cinéma et ce « Riders of justice » peut se les attribuer sans mal. Que ce film est plaisant et réussi. Le cinéaste danois Thomas Anders Jensen, découvert il y a quinze ans avec la comédie noire « Les Bouchers verts » et scénariste attitré de Suzanne Bier (« After the wedding », « Revenge », …), nous offre une proposition cinématographique riche et généreuse qui passe d’un genre à l’autre sans crier gare et avec une fluidité qui confine à la perfection. Durant près de deux heures, le scénario, écrit avec une précision rare, nous fait basculer du drame au thriller en passant par la comédie noire tout cela emballé dans un feel-good movie parsemé d’excès de violence sèche et inattendue. Et parfois même tout cela au sein d’une même séquence!

Et donc tout cela dans un même film sans frôler l’indigestion me direz-vous? Et bien oui, cela fonctionne parfaitement, la magie du cinéma opère et nous plonge dans une œuvre inclassable qui sait à la fois être captivante, émouvante, touchante et prenante. En partant du principe que les coïncidences n’existent pas suite à un accident de train, le film va faire se rencontrer une équipe de geeks bras cassés et un militaire récemment veuf qui vont se liguer contre un gang de bikers. « Riders of justice » va alors faire s’enchaîner des événements, des rencontres et des situations improbables, mais toujours justes et propices à des séquences tantôt sous tension et tantôt pleine d’humanité et de tendresse. On est tout autant pris par l’aspect thriller de vengeance qu’ému par le côté dramatique d’un deuil difficile à accomplir. Et lorsque tous ces personnages attachants se lient d’amitié, créant un sentiment de groupe et l’impression d’une famille qu’on se créée, on est conquis. Chaque personnage de cette drôle d’association a le droit à son ou ses moments pour exister à l’écran. Les interprètes sont justes et les situations dans lesquelles ils évoluent sont à la fois truculentes et belles. Elles sont même saupoudrées d’un humour noir qui se marie parfaitement bien aux larmes et à des séquences violentes et subites que ne renieraient pas les frères Coen de « Fargo ».

Inclassable mais passionnant, ce film nordique est une petite pépite qui n’oublie pas de prendre son spectateur par surprise avec un rebondissement qui rebat les cartes à merveille avant un bouquet final jouissif et mis en scène avec panache. En effet, Jensen sait également filmer et ses images sont propres et racées. Quant au final, il est beau et fait chaud au cœur. En bref, on sort de la projection de « Riders of justice » le sourire aux lèvres, le cœur chaud et les mains moites, satisfait d’avoir vu quelque chose de différent et de magistralement réussi. C’est totalement décapant quoique parfois légèrement invraisemblable mais la trame de fond basée sur les coïncidences pardonne cet état de fait. Un numéro d’équilibriste peu commun et attachant autant sur le pan du script que sur le mélange des genres, certes parfois un peu abrupt mais qui s’avère fidèle à l’originalité du projet. Un délicieux mille-feuille de genres et d’émotion à découvrir sans attendre.

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