Le hockey, c'est toujours une valeur sûre au Québec. Au cinéma, comme ailleurs. La franchise Les Boys est l'une des plus lucratives de tous les temps et Les Pee-Wee se sont très bien défendus au box-office il y a quelques années, pour ne nommer que ces succès-là. Le réalisateur Vincent Biron, qui nous a aussi donné l'acclamée comédie Prank, propose un long métrage un peu moins accessible que ce que le cinéma québécois nous a offert en termes de « film de hockey » au fil des ans.
Les Barbares de La Malbaie s'intéresse au destin de deux cousins, JP et Yves Tanguay. Le premier est âgé de 16 ans et, bien qu'il fasse preuve d'une débrouillardise peu commune, il possède les caractéristiques de base de l'adolescent moyen, soit les bras trop longs, les épaules voûtées et une moue apathique qui semble toujours crier : « ark, ta gueule ». Le problème, c'est que son cousin dans la trentaine possède les mêmes signes distinctifs, mais avec, en plus, des comportements immatures lamentables : il se lève à 4 h de l'après-midi, va aux danseuses avec son attelle cervicale et met de l'alcool fort dans sa gourde plutôt que de l'eau lors des matchs de hockey. Avec deux personnages principaux de ce type, pas étonnant que le film soit empreint d'une neurasthénie contagieuse.
Mais, malgré cet aspect plus languissant et mélancolique, on reste fasciné par le périple qu'entreprennent les deux protagonistes. Il faut savoir que JP et Yves se lancent sur la route en direction de Thunder Bay afin qu'Yves, ancienne vedette de la LNH, puisse participer au championnat canadien. De son côté, JP rêve de devenir agent de joueurs et considère ce voyage comme une opportunité de créer des contacts. Leur odyssée ne sera pas de tout repos, mais JP grandira beaucoup sur la route, contrairement à son cousin, qui, l'apprendra-t-il, a choisi son échec.
Philippe-Audrey Larrue-St-Jacques, qu'on a connu dans Like-Moi, s'avère plutôt convaincant sous les traits de ce joueur de hockey déchu. Mais notre regard est davantage porté vers le jeune Justin Leyrolles-Bouchard, qui se révèle particulièrement attachant, notamment lorsqu'il comprend enfin que la déconfiture de son cousin n'est pas due à la malchance. Il s'agit certainement d'un espoir du cinéma québécois à surveiller! Erin Carter, actrice et réalisatrice canadienne-anglaise, interprète également l'un des rôles principaux du film : une jeune femme qui, après un incident avec sa voiture, fait un bout de chemin avec JP et Yves. Même si elle s'acquitte de sa tâche honnêtement, on ne peut s'empêcher de se dire que ce personnage n'est pas vraiment nécessaire au sein de l'histoire. Si elle avait apporté une part de comédie à la production, on l'aurait acceptée plus facilement.
C'est d'ailleurs ce qui manque aux Barbares de La Malbaie pour convaincre : un peu d'humour. On rigole un peu en voyant Yves se dandiner sur « Marie-Stone » d'Éric Lapointe, mais tout ça devient vite pathétique et on passe du rire à l'affliction. Ce film d'auteur de hockey possède définitivement un certain charme que les productions à grand déploiement n'ont pas, mais, au-delà de la fraîcheur du traitement, on reste un peu sur notre faim. Peut-être est-ce cet aspect pessimiste et grave qui nous a trop heurté... Quoi qu'il en soit, Les Barbares de La Malbaie est un coming of age intéressant, très ancré dans notre culture québécoise. Après tout, qu'est-ce qui dit plus « culture québécoise » que hockey?