Cars est probablement l'oeuvre de Pixar qui m'a laissée la plus dubitative; trop long, trop compliqué, trop ambitieux quant à la portée du message et la convenance du sujet. La suite souffre malheureusement des mêmes bémols. Un film d'animation s'adressant aux enfants et d'une durée de plus d'une heure trente est un piège considérable que Pixar n'est, malheureusement, pas parvenu à éviter. Lassés par la 3D, les passages verbeux et dépassés par les nombreux personnages hétéroclites qui parsèment le récit, les bambins s'impatientent rapidement et exigent de retourner à la maison, malgré la présence de Flash McQueen à l'écran. Étrangement, cette histoire composite et habile ne semble pas s'adresser à eux. On développe une intrigue pertinente, une quête internationale rythmée, parsemée de brillantes références aux différents films de James Bond et autres oeuvres d'espionnage, mais pour laquelle les enfants n'ont que peu d'intérêt. Et c'est sans parler de ce débat sur les essences biologiques et les voitures hybrides qui ne concerne en rien les petits.
Peut-être qu'en voulant rendre la production agréable, confortable pour les adultes on a oublié le public-cible, ou peut-être avait-on encore, après Wall-E, des désirs de sensibilisation environnementale chez Pixar; peu importe la raison, la complexité de cette histoire n'était pas nécessaire et le postulat de base - concernant une voiture mafieuse qui risque d'éliminer McQueen - était déjà assez alambiqué pour ne pas avoir à y joindre de discours écologique. Le fait que le protagoniste de ce chapitre soit Mater et non McQueen peut également décevoir certains petits fans en admiration devant cette voiture rouge et souriante qu'ils ont appris à connaître et à aimer en visionnant le premier opus en boucle jusqu'à rendre leurs parents déments.
Comme Pixar sait si bien le faire, les références à notre monde sont nombreuses et efficaces - mais, encore là, elles ne sont accessibles qu'à un public mature. Les images sont aussi d'une grande compétence, tout comme la qualité sonore, mais on ne s'attendait à rien de moins de la compagnie qui a remporté plus de dix Oscars (Cars est d'ailleurs l'un des seuls films de l'entreprise à ne pas avoir été couronné meilleur film d'animation par l'Académie) et est acclamé pour l'originalité et l'excellence de ses longs et courts métrages à travers le monde. Chacun des pays que visitent les personnages est illustré avec une précision remarquable et est généralement accompagné, pour notre plus grand plaisir, de ses stéréotypes respectifs - à Paris les voitures portent le béret et s'embrassent sur le Pont-Neuf, en Italie les familles se soutiennent et les mamas font la cuisine pour une armée et en Angleterre la Reine et Big Ben font la loi (malgré son habileté technique, une séquence dans la célèbre horloge peut d'ailleurs effrayer certains bambins).
La morale plutôt conventionnelle sur l'importance de l'amitié et de la confiance en soi est bien véhiculée malgré une certaine redondance dans les propos (même l'enfant a compris après cinq fois, inutile de le répéter toutes les dix minutes qu'on a le droit d'être différent). En définitive, Cars 2 vise mal et s'engage sur des routes inextricables réservées aux conducteurs aguerris. L'enfant peut prendre le raccourci et éviter les embouteillages de l'histoire, il atteindra lui aussi la ligne d'arrivée s'il ne s'arrête pas trop longtemps aux puits, mais ne remportera jamais la course.
On développe une intrigue pertinente, une quête internationale rythmée, parsemée de brillantes références aux différents films de James Bond et autres oeuvres d'espionnage, mais pour laquelle les enfants n'ont que peu d'intérêt. Et c'est sans parler de ce débat sur les essences biologiques et les voitures hybrides qui ne concerne en rien les petits.
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