Il faut d'abord savoir que ce n'est pas Pixar qui est derrière Planes, mais bien Disneytoon, la compagnie responsable de la plupart (pour ne pas dire toutes) les suites inodores, sans couleur et sans saveur des succès de Disney. Planes est sans doute le pire film d'animation des dernières années. Même la qualité des dessins - qui n'était plus un critère depuis longtemps puisqu'aucun film ne présentait des images suffisamment médiocres pour qu'on le mentionne - est ici aberrante. Le long métrage devait ne faire l'objet que d'une sortie en DVD et Blu-ray et c'est ce qui aurait dû se produire. On aurait pu croire que lorsque le studio a décidé de placer le film à l'horaire et de le présenter dans les salles, il aurait peaufiné l'histoire et l'aurait rendue « compétitive », mais il semblerait bien que non...
Les films d'animation que l'on nous a servis au cinéma ces dernières années profitaient d'une équipe de scénaristes hors pair, sachant brillamment assortir les différents types d'humour (celui pour les enfants et celui pour les adultes) et trouver des revirements narratifs étonnants. Malheureusement, l'histoire de Planes semble avoir été écrite par Gérard dans son garage (nom fictif⁄lieu fictif). Chacun des avions a une nationalité particulière et un caractère - très stéréotypé - qui lui est propre; le Mexicain est macho, le Britannique arrogant, l'Américain vicieux, la Québécoise fonceuse et plutôt libertine (on ne sait pas trop si on doit être flattées ou vexées). Le nombre important de personnages secondaires apporte une confusion inutile, et même plutôt nuisible dans une production qui s'adresse directement à un public dont l'attention est limitée. Planes semble oublier à qui il parle aussi lorsqu'il dénombre un tas de termes techniques dont même les parents ignorent le sens. Il y a des limites à la volonté de « réalisme »...
On tente aussi de faire des clins d'oeil à la série Cars à plusieurs endroits dans le film, s'efforçant désespérément de rallier les troupes. Les vaches-tracteurs étaient une superbe idée de Cars, on ne peut pas le nier, mais les surutiliser comme le fait Planes lui retire beaucoup de son impact comique. Le nouveau film de Klay Hall possède des morales plutôt conventionnelles; « faire plus que ce qu'on attend de toi » et « atteindre ses rêves même si les autres croient que nous ne pouvons pas y arriver ». Mais, même ces leçons simplistes (qui nous sont délivrées sans gants blancs), sonnent faux dans Planes.
Pourquoi a-t-on choisi Joannie Rochette pour doubler Rochelle, l'avion québécoise; voilà une question qui me taraude toujours. Le côté sportif et compétitif de l'avion rose? Ou peut-être les simples correspondances lexicales entre le nom du personnage et celui de l'olympienne? Malheureusement, ce n'est pas la performance sensationnelle de la sportive qui nous convaincra du choix de Disney puisque Rochette est plutôt mal à l'aise et inégale dans son rôle. Sa voix fait contraste avec toutes les autres, tellement qu'on se demande si on a aiguillé l'athlète d'une quelconque façon avant de la lancer tête première dans cette nouvelle expérience.
Ce qui m'attriste le plus dans toute l'ineptie de Planes c'est que Turbo - le film de DreamWorks Animation sur cet escargot qui rêve de devenir le plus rapide au monde - est un chef-d'oeuvre en comparaison. Mais, comme Planes est marqué du logo de Cars, il profitera probablement du succès de son inspirateur, aux dépens de Turbo. Planes n'avait pas les reins assez solides pour se retrouver au grand écran. Disney le savait pourtant...