La blague de premier niveau - les références génitales, anales, scatologiques et autres - atteint ici un niveau supérieur. Ce n'est plus qu'une simple flatulence poussée par un étudiant nerveux en classe de math, c'est une chorale de coussins péteurs dans l'amphithéâtre et ce n'est plus qu'un gag maladroit d'urinoir, c'est une toilette gigantesque, avec des bras robotisés et un liquide radioactif dans la cuvette, qui attaque la ville. Cette exagération est la principale raison pour laquelle ce niveau d'humour s'avère drôle. Ceux (comme moi) qui sont généralement dérangés par ce badinage préscolaire ne pourront qu'être confondus. Force est d'admettre que l'excès est un procédé fort efficace dans ce cas-ci.
Dans Captain Underpants: The First Epic Movie, deux meilleurs amis depuis la maternelle, George et Harold, décident d'hypnotiser leur directeur d'école afin qu'il se transforme en Capitaine Bobette, le superhéros issu d'une bande dessinée de leur création. On adopte rapidement ces deux personnages cabotins principaux - qui ont un peu l'allure physique des membres de la bande à Snoopy. Complètement inconscients des conséquences de leurs gestes, ils tentent de déjouer le plan machiavélique de leur nouveau professeur de sciences qui a l'intention de retirer le sens de l'humour dans le cerveau de tous les humains de la planète.
La trame narrative n'a rien de bien sophistiquée. Il faut l'avouer; l'adulte risque de s'ennuyer grave après 45 minutes de blagues d'aisselles poilues, de doigt dans le nez et de bouffe de cafétéria radioactive, mais il ne pourra que saluer l'ingéniosité et l'originalité de l'ensemble. Impossible de ne pas s'incliner devant les trouvailles saugrenues des auteurs. D'abord, les deux protagonistes s'adressent souvent directement à la « caméra », ce qui brise le quatrième mur et déstabilise le spectateur d'emblée, habitué à ce que les personnages animés respectent les règles du cinéma. George et Harold se permettent aussi parfois d'arrêter l'action pour passer quelques commentaires, ce qui, bien évidemment, dynamise le film et le particularise. Il y aura aussi un passage où les protagonistes deviendront des marionnettes en chaussettes. Vraiment, on ne peut pas reprocher à Nicholas Stoller, le scénariste, et aux auteurs originaux de manquer de créativité!
La production a quand même pensé un peu aux parents en leur adressant quelques clins d'oeil plus « matures » (les guillemets ont ici une importance significative). Même s'il y a plusieurs jeux de mots (dont le vilain qui s'appelle Monsieur Cacaprout), la traduction française n'entache pas l'effet comique. On s'imagine d'ailleurs que la tâche du traducteur a dû prendre un tout nouveau sens le jour où il a dû traduire Poopypants par Cacaprout. Il y a de ces journées...
Le film est très court (seulement 1 h 24), mais contient malgré tout certaines longueurs. On comprend bien sûr que l'intérêt principal n'était pas de créer une histoire sophistiquée, mais on aurait tout de même apprécié quelque chose de plus étoffé. Malgré tout, plusieurs jeunes garçons (des filles aussi, mais ce film a quelque chose de très masculin) s'écriront TRA-LA-LAAAAAAAA dans les couloirs du cinéma à la sortie de la projection (et même dans la voiture sur le chemin du retour, puis à la maison, puis à l'école, puis en visite chez leurs grands-parents...) et clameront leur amour pour ce Capitaine Bobette. Et comme le film s'adresse à ces petits monstres qui ne décrochent jamais, on peut dire qu'il accomplit sa mission.
Par contre, si vous cherchez un divertissement intelligent pour votre enfant, passez votre chemin...
* Vu en version française 3D.