Film de gangsters testamentaire.
Quand on s’est un peu renseigné sur le film en amont, on sent et on sait que « Alto Kinights » fleure bon le film à l’ancienne sur le monde des gangsters. L’octogénaire Barry Levinson (« Bugsy ») est à la réalisation, Robert de Niro qui est l’un de ses plus fidèles collaborateurs avec leurs très nombreuses collaborations est en haut de l’affiche dans un double rôle et le script s’inspire d’une histoire vraie ayant défrayé la chronique dans le monde des gangsters et de la mafia new-yorkaise des années 50. La messe est dite! Comme une promesse d’une œuvre somme sur le film de mafia par deux de ses plus fidèles représentants tout autant qu’une sorte de film testamentaire. Certes, on peut le voir comme cela mais ce n’est pas pour autant qu’il est pleinement réussi, qu’il fera date ou qu’il tienne ses très ambitieuses promesses tant on a déjà vu bien mieux dans le genre et surtout moins daté.
Car il faut le dire : « Alto Knights » dégage un fort parfum de suranné, voire de dépassé, sur certains aspects. Si la reconstitution de l’époque est impeccable et délicieusement immersive, on a souvent l’impression que ce film a été fait il y a trente ans. Levinson tente tout de même quelques plans bien vus pour dynamiser sa mise en scène quelque peu gériatrique (on pense au meurtre en ombres chinoises très cinéma d’antan mais clairement adapté et de toute beauté ici ou quelques cadrages originaux comme celui opéré par le biais d’un reflet sur une jante de voiture) mais on ne retrouve pas la verve du cinéaste de « Sleepers » ou « Des hommes d’influence ». Certes, Levinson n’a jamais été un cinéaste plastique et visuel en premier lieu mais quand même. Cependant, avec le recul, c’est peu étonnant que ce nouveau film soit ainsi car, au cinéma en tout cas, l’illustre metteur en scène n’a rien fait d’inoubliable depuis une bonne vingtaine d’années si on excepte le petit film de virus « The Bay ». Alors ce film de gangsters est-il un film périmé par un réalisateur qui n’est clairement plus dans le coup? Un peu, peut-être, mais pas seulement même si certains choix faits ici sont clairement discutables.
En premier lieu de ces partis pris hasardeux (et ce qui fait un peu l’originalité du long-métrage), on peut citer que De Niro joue les deux rôles principaux de ses mafieux amis d’enfance. Drôle d’idée surtout qu’ils ne se ressemblaient pas outre mesure. Alors que le rôle aurait pu être donné à Pesci ou Pacino si on voulait rester dans cette gamme de monstres du genre. Choix un peu étrange donc à priori et inutile et vain au final, surtout vu les tonnes de maquillages nécessaires. Mais l’acteur ne fait heureusement pas ce que l’on aurait pu craindre de lui. En effet, il évite l’outrance et l’excès de mimiques pour un jeu relativement sobre et correct même si ce n’est pas sa meilleure prestation (d’ailleurs on le préfèrera en Costello qu’en Genovese, plus maniéré). Ensuite, le fait de briser le quatrième mur pour raconter l’histoire est une belle erreur, cela ne colle pas avec l’esprit du film. Enfin, quant au fait de débuter par un flash forward, encore une fois cela devient une mode qui ne trouve pas véritablement de justification ici. Malgré tout cela, le film se suit bien, l’intrigue nous captive sur ses deux heures et le charme désuet de l’ensemble fait son effet. « Alto Knights » n’est pas le grand film de mafia qu’il aurait voulu être mais les différentes parties mises en branle font le travail pour un ouvrage de qualité.
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