Des drames historiques, nos cousins français en produisent de nombreux par année, certains passent inaperçus dans la masse imposante de tragédies à la cour alors que d'autres se démarquent par la pertinence de leur histoire ou l'authenticité de leur réalisation. Les adieux à la reine fait définitivement partie de cette deuxième catégorie. La beauté dans ce film ne se limite pas à la qualité des costumes et des décors (comme c'est souvent le cas dans ce genre de production), elle se trouve également dans l'objectivité du jeu des comédiens, dans l'individualité du récit, dans l'approche singulière du cinéaste, dans la sagacité du point de vue sur une époque tristement célèbre de la monarchie française. Souvent dans ce type d'oeuvre historique, le spectateur doit connaître au préalable les grandes lignes de l’événement dépeint pour en apprécier toutes les nuances, et Les adieux à la reine ne fait pas exception. Il est évident que le film en soi n'est pas incompréhensible ou inarticulé, mais il vaut mieux être au fait du destin de Marie-Antoinette et de la chute de Versailles.
Plusieurs actrices ont incarné cette reine excentrique qu'était Marie-Antoinette au grand écran, mais peu l'on fait avec autant de fraîcheur et d'intensité que Diane Kruger. Dès qu'elle ouvre la bouche, nous savons à qui nous avons affaire, cette femme complexe qui fut condamnée à la potence n'a pas besoin d'introduction lorsqu'elle est dépeinte avec tant de finesse par une actrice si charismatique que Kruger. Léa Seydoux, qui incarne le personnage narrateur, la jeune lectrice de la Reine, est aussi très convaincante et fort attachante, tout comme l'est Virginie Ledoyen en Gabrielle de Polignac, la séduisante amante de Marie-Antoinette.
Évidemment, lorsqu'il est question de Versailles en 1789, on s'attend à des décors grandioses, des robes bouffantes magnifiques et des bijoux flamboyants, et, en ce sens, Les adieux à la reine ne déçoit pas. La direction artistique a fait un sublime travail de reconstitution. Dans chacune des images, on ressent l'opulence de Versailles, la perversité et le sentiment d'invincibilité qui y régnait. La réalisation, parfois contrôlée, parfois convulsive, parvient également à démystifier l'effervescence qui primait à Versailles à cette époque et la panique qui s'en est emparé lorsque la Révolution a débuté.
Les textes contribuent également à la « beauté » du film de Benoît Jacquot. Sans être incompréhensible ou trop seigneurial, le vocabulaire des protagonistes nous plonge d'emblée dans l'ambiance de cette période révolue où un contingent limité de personnes détenait le pouvoir et la richesse alors que la populace mourait de faim dans les rues. L'abîme qui sépare les nantis et la plèbe est fort bien dépeint et l'incompréhension de la royauté face à la colère des citoyens s'avère également éloquente.
Même si Les adieux à la reine s'étire parfois dans des monologues langoureux et des discours mélancoliques sans conséquence - qui semblent avoir été composés pour faire un lien entre les moments significatifs -, le long métrage sait se démarquer et alimente efficacement notre imaginaire et notre vision de ce monde vil et libertin.
La beauté dans ce film ne se limite pas à la qualité des costumes et des décors, elle se trouve également dans l'objectivité du jeu des comédiens, dans l'individualité du récit, dans l'approche singulière du cinéaste, dans la sagacité du point de vue sur une époque tristement célèbre de la monarchie française.
Contenu Partenaire