Le nouveau long métrage de la compagnie Warner Bros. Animation, qui nous a donné les films de la franchise LEGO, n'est pas aussi rafraîchissant que son sujet polaire le laissait pourtant présager. Déjà, le yéti - ou l'abominable homme des neiges - n'est pas un personnage particulièrement attachant, et ce, même s'il est doux, naïf, enjoué et généreux comme Migo. Le personnage principal - ainsi que sa famille et ses amis - manque d'originalité et de caractère.
Les valeurs véhiculées dans ce film sont, par contre, peut-être suffisamment différentes pour qu'on s'y attarde. On transmet des valeurs d'entraide et d'acceptation de soi comme dans beaucoup d'autres productions pour enfants du même genre, mais on insiste aussi sur l'importance de la curiosité, de l'intégrité ainsi que la nécessité de tout remettre en question, même ce qu'on considère comme irréfutable. Les scénaristes glissent aussi un message sur l'importance de la protection de la faune qui mérite sa place au sein d'une comédie comme celle-là. Ces morales atypiques nuancent de belle façon le récit, qui reste, malgré tout, plutôt linéaire et monocorde.
Comme l'histoire ne met en scène aucun véritable antagoniste, la quête du héros devient rapidement moins glorieuse. Le yéti Migo croise, certes, le fer avec quelques opposants, mais aucun vilain digne de ce nom ne le confronte. Les quelques chansons sont relativement bien intégrées au récit, mais on ne peut s'empêcher de douter de leur nécessité. Oui, elles sont entraînantes et appuient le message livré dans les dialogues (et elles sont traduites en français!), mais on aurait pu faire sans...
Les revirements sont, somme toute, assez prévisibles et l'humour n'apporte pas de mordant à l'histoire. Évidemment, on s'adresse ici à de jeunes enfants. L'humour « slapstick », mettant de l'avant une violence physique volontairement exagérée, prime. Des culbutes, dégringolades, chutes, batailles et heurts sont à l'honneur. Outre ces cascades démesurées et quelques quiproquos embarrassants, le film nous dévoile, du reste, un humour scatologique et primaire décevant. Les petits seront peut-être amusés de constater que les yétis ignorent ce qu'est du papier de toilette et qu'ils l'appellent « parchemin de la sagesse invisible », mais les parents en seront certainement agacés. Peut-on parler d'autre chose que de caca s'il vous plaît?!
Smallfoot s'adresse essentiellement à de très jeunes enfants. Ce sont ses valeurs inhabituelles et importantes que l'on retient surtout. Parler de contrôle de l'information aux petits était ambitieux et le film d'animation de Warner y arrive avec originalité. Dommage que cette ingéniosité ne se reflète pas dans l'histoire, qui nous laisse de glace.