Frère de Denis Villeneuve, Martin Villeneuve revisite l'histoire de sa famille avec Les 12 travaux d'Imelda, un long métrage à prendre ou à laisser.
Cela fait longtemps que ce projet tient à coeur au réalisateur et bédéiste. Dans les dernières années, il avait concocté quelques courts métrages mettant en vedette Imelda, sa grand-mère malcommode qui met la patience de ses proches à l'épreuve. Le cinéaste incarne lui-même la nonagénaire, développant un réel clan formé d'enfants (Robert Lepage, Michel Barrette, Anne-Marie Cadieux), de petits-enfants (dont Antoine Bertrand) et du mignon petit chien Pipo.
Ce film est une simple extrapolation de ce qui a été fait auparavant. Douze «travaux» qui ressemblent à autant de segments ou de sketchs greffés artificiellement pour le cinéma. Des aventures qui se veulent drôles (grand-maman n'a pas la langue dans sa poche) ou émouvantes (on y traite notamment de vieillesse et de secrets du passé), mais qui n'atteignent jamais le but escompté. Le responsable est le scénario de Villeneuve, qui demeure sans cesse en surface sans aller au fond des choses, à la fois sur un plan humoristique que dramatique. Pour un gag extrêmement réussi sur un vétérinaire véreux (Yves Jacques est merveilleux), il y en a plusieurs répétitifs sur «la grosse Simone» ou d'autres qui tombent carrément à plat. Dès qu'un personnage ou un thème a la chance d'être un peu étoffé, on passe au suivant, privilégiant la caricature à l'humanité.
Le récit mérite d'ailleurs un temps d'adaptation de la part du spectateur. Ce dernier cherche souvent ses repères devant ce qui ressemble à une sitcom satirique de la vie familiale tant les dialogues sonnent faux. C'est d'ailleurs à se demander si le tout n'est pas voulu ainsi. Martin Villeneuve ne ressemble-t-il pas parfois à Marc Labrèche? Il faut s'habituer à ce décalage un peu absurde... et certains cinéphiles n'y arriveront probablement jamais. L'impressionnante distribution fait ce qu'elle peut, coincée dans des rôles unidimensionnels. Ce qu'il est pourtant bon de revoir Ginette Reno à l'écran, même si la Simone qu'elle incarne n'a qu'une seule fonction. Robert Lepage et Michel Barrette sont frères? C'est fou la magie du septième art! Puis il y a Antoine Bertrand qui cabotine dans le rôle d'un petit-fils... qui n'est pas Denis.
L'ensemble aurait sans doute eu davantage sa place à la télévision ou en web-série. Au niveau esthétique, le récit ne paye pas de mine. La mise en scène rudimentaire alterne les plans de façon mécanique malgré quelques effets inutilement stylisés. Que l'on soit fan ou pas de la précédente création cinématographique de son auteur, Mars et Avril (2012) avait nettement plus d'ambition... et il n'est pas seulement question ici d'un budget conséquent tant la vision artistique paraît atrophiée.
Au moins, le réalisateur a le mérite d'en rire et il fait dire par la bouche de son héroïne que Martin ne possède pas le même talent que son frère Denis! Malgré toute la tendresse et la sympathie que l'on peut avoir pour lui et ce sujet éminemment personnel, Les 12 travaux d'Imelda ne transcende jamais le simple objet de curiosité, dont l'attrait s'épuise bien longtemps avant le générique.