On aurait pu croire qu'une histoire différente de celle d'un lendemain de veille classique comme celui qui nous était présenté dans les deux premiers films aurait apporté un vent de fraîcheur à la franchise, mais malheureusement, ce n'est pas le cas. Cette tentative de faire du troisième chapitre de la série une comédie d'action échoue lamentablement. Par contre, si on prend The Hangover Part III et qu'on le sort de la trilogie, qu'on le considère comme une comédie purement indépendante, elle reste bien plus drôle que beaucoup de productions soi-disant humoristiques qu'Hollywood nous balance chaque année en quantité.
Ce qui faisait le succès de The Hangover, c'était son aspect inattendu (un tigre dans la salle de bain ou un moine bouddhiste muet en chaise roulante ou Mike Tyson) et sa volonté de dépasser certaines limites prescrites au cinéma, notamment grâce à sa vulgarité souvent démesurée (les photographies projetées durant le générique des deux films précédents avaient de quoi choquer). Mais, cet étonnement et cette trivialité déconcertante sont beaucoup moins présents dans The Hangover Part III. Le film surprend à un ou deux endroits, mais ne nous fait pas rire aux éclats par son audace comme l'avaient fait les deux autres. Les premières minutes du film sont pourtant prometteuses - Alan achète une girafe (qu'il veut nourrir depuis sa maison dans l'arbre) et se promène sur l'autoroute avec elle dans la remorque de sa décapotable en écoutant MmmBop des Hanson -, mais cette folie est vite destituée au profit d'une chasse à l'homme chaotique dans les rues terreuses du Mexique et celles incandescentes de Las Vegas.
Ce troisième chapitre tente visiblement de boucler la franchise en ramenant des personnages aimés du public, comme la stipteaseuse Jade et son fils Tyler, et en peaufinant certains détails qui avaient été laissés nébuleux dans les opus antérieurs. La volonté de faire de The Hangover Part III la conclusion (« épique », comme le dit le tagline) d'une franchise mémorable a probablement influencé la manière dont elle a été traitée et le résultat discutable qui en est ressorti.
Le personnage principal de cette nouvelle aventure est bien davantage M. Chow que les membres du Wolfpack et c'est probablement ce qui amène le film en stagner à quelques endroits. Le criminel extravagant à l'accent asiatique était un personnage secondaire extraordinaire qui nourrissait les aventures de Stu, Allen et Phil de belle façon, mais placé à l'avant-plan, il devient risible et donc, moins efficace. Le rôle que joue John Goodman n'apporte rien de bien profitable non plus à ce film qui aurait gagné à miser davantage sur ces trois héros, joués par Bradley Cooper, Ed Helms et Zach Galifianakis, qui ont su prouver leur valeur.
Todd Phillips clôt la franchise sur des déceptions. C'est dommage. Mais comme les deux chapitres précédents sont et resteront mythiques, on peut se consoler avec ces derniers. On n'ira pas jusqu'à omettre complètement ce troisième film lorsque l'on relatera la franchise, mais disons que ce ne sera certainement pas le premier dont on parlera...