Comme scénariste et humoriste, Émile Gaudreault a une plume acérée, lui qui a ce talent de dénoncer et de tourner en dérision avec subtilité, presque avec bienveillance. On parle souvent en ces pages de la notion de « prêcher à des convertis », un phénomène qu'on retrouve dans de nombreux longs métrages (mais aussi partout dans la société), qui consiste en quelque sorte à reprocher à des gens absents d'être absents, ou de vanter les bienfaits du végétarisme, par exemple, à ceux qui sont déjà végétariens (on peut prendre en exemple le cas de Nuages sur la ville, qui parlait du manque de culture et de curiosité). C'est ce qui se fait dans les églises, les mosquées, les synagogues... et au cinéma, dans un contexte d'autocongratulation élitiste.
Heureusement, Émile Gaudreault a cette habitude de commenter des phénomènes sociaux auprès des gens qui en sont responsables, en utilisant les mécanismes (et le marketing) du cinéma grand public. Les succès de De père en flic et de Le sens de l'humour contribuent à cette impression, tout comme Idole instantanée ou Louis 19, le roi des ondes, desquels il était scénariste. Le vrai du faux a en sous-texte cette même perspicacité, cette même profondeur sociologique, qui est malheureusement parfois occultée par l'insignifiance de quelques blagues faciles.
Le vrai du faux se tient donc constamment sur deux fronts, celui de l'humour et celui du drame. Après une introduction hilarante qui n'épargne pas le milieu du cinéma, le film s'intéresse aux traumatismes que vivent les soldats et à l'incompréhension à laquelle ils sont confrontés une fois de retour chez eux, tout en soulignant - avec tendresse - les travers et la bêtise de gens pourtant bien intentionnés. Certes, le long métrage souffre de quelques longueurs et redites en deuxième moitié, mais la finale s'avère étonnamment convaincante dans le contexte d'un film résolument grand public.
Du côté des comédiens, Stéphane Rousseau est un peu figé quoique crédible dans le rôle du cinéaste, tandis que Mathieu Quesnel trouve enfin un rôle à sa mesure, jouant une folie du quotidien et les excès d'un individu qui, malgré la caricature, trouve une certaine profondeur psychologique. Malheureusement, on ne peut en dire autant de la plupart des rôles secondaires. C'est dans les détails et quelques lignes de dialogues savantes (« Elle a toujours rêvé être actrice, surtout dans les télé-réalités ») que ressortent les qualités du film. La réalisation pragmatique de Gaudreault prêche parfois par excès, mais demeure cohérente avec l'objectif du long métrage.
La représentation de la technologie tout comme l'obstination du réalisateur à tout filmer sont autant d'exemples d'une sursimplification qui fait résolument pencher le film vers le côté commercial, grand public, rassurant. Avec Le vrai du faux, Émile Gaudreault propose un film qui s'adresse au plus grand nombre. La première étape, c'est d'accepter ce constat. La seconde, c'est de se dire que dans ce contexte, ça aurait pu être bien pire et qu'au moins, il ne rate pas l'opportunité de dire quelque chose aux gens qui l'écoutent.