Un film techniquement étonnant, qui permet à Charlize Theron de montrer l'étendue de ses habilités, mais qui souffre de surdramatisation chronique.
Charlize Theron, déjà récipiendaire d'un Oscar pour son travail dans Monster, s'offre ici un rôle qui a tout ce qu'il faut pour en mériter un autre, dans un film qui est malheureusement bien trop dramatique. Pas que l'histoire de cette mère de famille pleine de volonté et de courage face aux embûches qui s'acharnent sur elle ne soit pas intéressante, simplement qu'on se demande jusqu'à quel point elle est réaliste et fidèle à la réalité comme on le prétend.
Theron incarne ici Josey Aimes, une jeune mère monoparentale et sans emploi, qui devra, à la fin des années 80, travailler dans une mine de fer d'une ville du Minnesota pour faire vivre sa petite famille. Au travail, elle subira le harcèlement de ses collègues masculins. Décidée à faire respecter ses droits, sans l'appui de ses consoeurs et au risque de subir d'autres pressions, elle intentera un procès pour défendre la cause des femmes au sein d'une entreprise qui ne veut rien entendre de leurs revendications, dans un monde qui ne veut pas d'elles.
Évidemment, le film a été conçu pour mettre en avant-plan toutes les tribulations de Josey Aimes, pour bien mettre en évidence le jeu de Charlize Theron. Un jeu assuré, c'est bien vrai, souvent exigeant, mais qui ressemble aussi drôlement aux rôles précédents de l'actrice. Sans négliger que son personnage subit systématiquement tout, tout ce qui peut la rendre vulnérable : elle a un mari violent, un père incompréhensif, a été violée, est victime de discrimination au travail, est détestée de ses enfants. Elle va donc pleurer, pleurer, et prononcer des discours enflammés devant une foule peu réceptive. La plupart des dialogues sont efficaces mais sonnent terriblement pré-mâchés, on a encore là l'impression qu'ils ont été conçus pour rendre misérable et vulnérable une jeune mère qui a le monde entier contre elle, mais qui n'a rien à se reprocher. Tous les efforts qu'elle fait pour se rapprocher de son fils rebelle, par exemple, lui confèrent une sacro-sainteté intouchable, comme ces rumeurs qui la faisaient volage et qui s'avèrent fausses.
La réalisation demeure conventionnelle, sans saveur et effacée. En fait, elle pourrait être le travail de n'importe qui tellement elle est anonyme. Évidemment que Theron est présente le plus souvent possible, dans cet effort ostensible pour la mettre en valeur.
Il y a aussi le scénario, qui défend une cause juste qu'on saisi rapidement et bien, mais qui en met franchement trop. Bien sûr que la cause est louable, que ces femmes vivent un enfer dans un monde d'hommes et qu'il fallait les aider. Cependant, ici, tout devient dramatique; cette pauvre femme seule a aussi une amie qui va tomber malade, de vieux secrets qu'elle ne voulait pas dévoiler et aucun support de ses collègues féminines de travail, en plus de ses difficultés avec les hommes. On aurait préféré se concentrer sur un problème et mieux l'explorer. Sans oublier que les scènes au tribunal tombent dans vite le vaudeville, où les coups de théâtre s'enchaînent et où l'assistance se lève pour signifier au juge son appui à l'accusée. Les personnages secondaires frôlent régulièrement le cliché : le copain de l'amie ou le patron, par exemple, compréhensif au départ – on se demande d'ailleurs pourquoi – mais qui, évidemment, s'avère aussi incompréhensif que les autres.
Après la projection de Le vent du nord, on se demande effectivement jusqu'à quel point cette histoire presque tragique est fidèle à la réalité. Possible que la réalité soit aussi improbable, que tous les malheurs qui frappent la pauvre Josey Aimes dans le film se soient réellement produits, mais on aurait souhaité un peu de retenue de la part des scénaristes. Séparer le vrai du faux au cinéma n'est jamais facile, il nous aurait fallu un peu d'aide pour apprécier d'avantage les qualités toutes américaines de ce film.
Un film techniquement étonnant, qui permet à Charlize Theron de montrer l'étendue de ses habilités, mais qui souffre de surdramatisation chronique.
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