Le train de Zhou Yu
Après qu'il eut écrit un poème pour elle, une jeune peintre s'amourache d'un écrivain vivant dans la lointaine région de Chongyang. Deux fois par semaine, elle le rejoint après un long trajet en train. Lors d'un de ses voyages, elle fait la connaissance d'un homme qui ne sera pas insensible à ses charmes.Récit tout en ellipses qui se joue des conventions narratives, LE TRAIN DE ZHOU YU semble n'avoir ni présent ni passé, mais plutôt une trame intemporelle à travers laquelle les sentiments des personnages ont libre cours. On pense inévitablement à Wong Kar-wai mais aussi à LA DOUBLE VIE DE VÉRONIQUE. À ce style lyrique et éclaté à la fois où l'émotion est toujours présente sans ne jamais verser dans le mélodrame. Sun Zhou, cinéaste chinois se démarquant de ceux de sa génération (la fameuse Cinquième) explore l'intériorité de son héroïne au lieu de s'attarder à décrire le contexte social et historique dont elle est issue. Cependant, la traditionnelle application chinoise portée à la mise en images est totale : n'hésitant pas à user de ralentis, de surimpressions et de délicats clairs-obscurs, Zhou y déploie toute son habilité technique et appuie son propos par une superbe musique qui accentue certains passages tout en en atténuant d'autres.LE TRAIN DE ZHOU YU, c'est aussi le grand retour de Gong Li ( L'EMPEREUR ET L'ASSASSIN, ADIEU MA CONCUBINE, VIVRE ) qui s'était retirée du cinéma et qui revient en force avec ce film où elle interprète deux rôles; celui, bien entendu, de Zhou Yu mais aussi celui de Xiu, un personnage en apparence parallèle qui narre l'histoire mais dont le sens véritable ne se révèle qu'à la toute fin.