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Le chat et le suppléant.
En voilà un projet qui s’annonçait à la fois original mais aussi très casse-gueule. En effet, faire une comédie politique n’est pas donné à tout le monde et le peu de films du genre dont on peut se souvenir sont davantage américains tels que « Des hommes d’influence » de Barry Levinson ou l’excellent et méconnu « In the loop ». Trouver un exemple français est presque impossible ou en tout cas il ne nous vient pas en tête, c’est dire si ce « Le Tigre et le Président » développait une aura toute particulière du fait même de sa rareté. Et il ajoute une donnée contextuelle qui le rend encore plus singulier : c’est un film d’époque, se situant juste après la Grande Guerre. On y suit donc les manœuvres de Georges Clémenceau et du président oublié Paul Deschanel pour être à la tête de la France sur une tonalité humoristique, presque burlesque, dans une reconstitution de la France des années folles et avec deux grands acteurs français.
Un super programme alléchant et si original qu’on ne peut s’empêcher de faire la grimace à la vue du résultat plutôt tiède pour ne pas dire décevant et peu réussi. En effet, « Le Tigre et le Président » démarre fort et nous met dans le bain direct avec ses intrigues politiques de couloir et ses petits arrangements, tout cela baigné dans une verve comique bien sentie. Le verbe est haut, le rythme est bon et la reconstitution de l’époque est admirable en plus d’une mise en scène inspirée et vivante, loin de l’académisme dans lequel un tel sujet (ainsi qu’une époque) aurait pu la circonscrire. Alors qu’est-ce qui coince me direz-vous. Et bien d’abord l’intrigue semble gaspiller toutes ces munitions dans le premier tiers. La suite de l’histoire devient plus classique et fait du surplace, on est moins surpris, on sourit moins également et la dernière partie finit même par complètement nous désintéresser à force de redondances et d’un script au final très limité. Si on ne voit pas ce président méconnu que fut Paul Deschanel tenter d’écrire son discours dix fois... C’est donc l’ennui poli et la torpeur qui nous gagne alors que tout cela démarrait sur les chapeaux de roue.
On aura donc eu droit à des répliques drôles et bien mises en bouche mais limitées à un laps de temps bien trop court et même si la mise en scène reste élégante durant tout le film. Mais on en oublierait presque que c’est le premier film de Jean-Marc Peyrefitte et que l’indulgence se doit d’être de mise, notamment au vu de la belle esthétique de « Le Tigre et le Président ». Cela ne suffit cependant pas et, lassé d’un film qui tourne en rond, on se désintéresse. De plus, et c’est un peu plus gênant à écrire, le duo principal semble pâtir des premiers pas encore incertains du cinéaste en herbe en tant que directeur d’acteurs. En effet, aussi doués et talentueux soient-ils, les grands comédiens que sont André Dussollier et Jacques Gamblin surjouent plus que de raison et semblent en totale roue libre. Si c’est amusant au début et provoque quelques rires, sur le long terme ça frôle le cabotinage. Une belle idée donc mais mal maîtrisée, pas toujours bien exploitée ni traitée sur la durée. Dommage!
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