Depuis plusieurs années déjà, le film d'horreur est roi au sein de l'offre cinématographique américaine. Il y a une si grande quantité d'oeuvres du genre sur nos écrans que de se démarquer et surprendre les cinéphiles devient de plus en plus difficile pour les créateurs. Scott Derrickson, qui nous a donné le premier Doctor Strange, a l'habitude des suspenses d'épouvante. Depuis 2005, il nous a offert des films comme The Exorcism of Emily Rose, Sinister et Deliver Us from Evil. Son plus récent effort The Black Phone s'avère certainement le meilleur du lot.
Jonglant habilement entre le suspense, les sauts (communément appelés jumpscare), le gore et le paranormal, le réalisateur propose un film d'horreur équilibré et enlevant, même si l'histoire n'est pas révolutionnaire. On suit Finney Shaw, un adolescent de 13 ans, enlevé par un tueur en série qui prétend être un magicien pour attirer ses jeunes proies dans ses filets. Enfermé dans un sous-sol insonorisé, il recevra des appels étranges des précédentes victimes du maniaque masqué, qui tâcheront de l'aider à s'échapper. Pendant ce temps, sa soeur, Gwen, fera des rêves prémonitoires qui l'amèneront sur la trace de son frère.
Quoique sous-utilisé, Ethan Hawke livre une sublime performance dans le rôle du Faucheur. Ses masques effrayants, qui se découpent en deux parties, et son regard tordu donnent des frissons dans le dos. On s'attache rapidement à Finney, joué par un jeune Mason Thames en pleine possession de ses moyens, mais c'est la petite Madeleine McGraw qui vole la vedette. Elle interprète la soeur clairvoyante du protagoniste avec beaucoup de justesse.
Il faut dire que bien que le récit comprenne un aspect surnaturel, celui-ci n'est pas développé de façon trop cérémoniale, ce qui nous permet d'y adhérer sans trop poser de questions. Le fait que l'histoire se déroule à une époque révolue - à la fin des années 70 - permet aussi d'accepter plus facilement l'extraordinaire. Sur ce plan d'ailleurs, on doit dire que la direction artistique a réussi un sans-faute. La reconstitution historique est irréprochable et la composition sinistre des images marque les esprits.
Même si on ne placerait pas (encore) The Grabber au rang des Jason, Michael Myers et Leatherface de ce monde, il a certainement le potentiel de faire faire des cauchemars rebutants à bien des amateurs d'horreur. Ce vilain et son film engendrent la chair de poule escomptée.