L'idée que Vince Vaughn a eue était, il faut l'avouer, vraiment brillante; des vendeurs dans la quarantaine perdent leur emploi et, ayant cumulé une vie de regrets, décident qu'ils peuvent encore rêver d'une existence meilleure et tentent un stage chez Google, là où l'environnement de travail est aussi déjanté que l'est la manière de penser et d'interpréter le monde complexe - mais stimulant - dans lequel on vit. Le seul problème dans ce beau projet, c'était de tomber dans le piège de la publicité gratuite pour une compagnie dont la réputation est déjà faite et refaite. Vaughn et Shawn Levy sont plus que tombés dans le piège, ils semblent s'y précipiter volontairement, sans honte aucune, jusqu'à louanger l'entreprise californienne. Pourtant, le public n'a guère envie d'être assailli ainsi. Si au moins cette campagne de promotion nous permettait de nous dérider... Mais elle ne le fait pas. En plus d'être narcissique (envers une compagnie presque devenue un culte pour certains), The Internship n'est pas drôle. Et quand une comédie n'est pas drôle, je crois qu'on peut affirmer sans trop se tromper qu'il s'agit d'un échec.
Les possibilités humoristiques sont presque infinies lorsqu'on pense à opposer deux générations comme celle d'hommes de quarante ans à celle de jeunes de vingt ans, mais la plupart de ces blagues ont déjà été exploitées dans d'autres productions. The Internship n'apporte rien de nouveau en ce sens. Qu'un homme adulte dise « dans le web » plutôt que « sur le web » ou qu'il se rapproche d'une webcam et parle plus fort croyant que ses interlocuteurs ne l'entendent et ne le voient pas n'a rien de bien original; on a tous déjà vécu une situation semblable avec quelqu'un de notre entourage (je t'aime pareil maman).
On aurait pu croire que les quelques caméos mystères auraient nourri le film d'une énergie nouvelle, et pourtant... On a presque hâte que ces acteurs célèbres finissent leur cirque pour qu'on puisse passer à autre chose. Et c'est sans parler de toutes les métaphores boiteuses (que l'on veut amusantes) qui ne font qu'alourdir l'ensemble de la production et lui laisser un goût amer qu'on n'arrive jamais à adoucir avant que ne défile le générique.
Les morales sont tellement plaquées dans ce film qu'on se demande si elles doivent être prises au sérieux. Poursuivre ses rêves, ne plus avoir de regrets, faire confiance aux gens qui nous entourent, savoir exploiter les forces de ses alliés et les siennes, l'amitié, la confiance en soi, ce sont tous des concepts et des idéaux enviables, mais qui s'avèrent très mal exploités dans ce long métrage - ou cette infopublicité; c'est selon le point de vue.
Vaughn et Wilson étaient pourtant si efficaces dans Wedding Crashers... Qu'est-ce qui leur est arrivé? Où est passée cette belle chimie qui a fait vendre tant de billets en 2005? On croit au début du film, lorsque les deux hommes sont assis dans une décapotable et chantent du Alanis Morissette, que nous la retrouverons enfin dans The Internship, mais ce n'est qu'une fausse joie, rapidement éclipsée par l'autôlatre Google.
The Internship fait partie de ces nombreuses bonnes idées ratées dont Hollywood souffre tant. Si au moins le film était un peu drôle...