Commençons d'abord par le positif.
Esthétiquement, Wish est un film magnifique. L'équipe artistique a su créer avec beaucoup de minutie des textures, des effets et des couleurs évoquant ceux de la peinture à l'eau.
Dès le départ, nous avons l'impression de suivre le récit comme si nous tournions les pages d'un livre pour enfants. Wish renoue, d'ailleurs, avec la tradition de Disney de débuter sur un livre de contes s'ouvrant sous nos yeux, question de bien marquer le centenaire du studio.
La trame dramatique marche au départ dans les traces d'Encanto, racontant l'histoire du roi Magnifico, qui a fui un passé anéanti par la violence pour apprendre la magie et bâtir une terre d'accueil pour toute personne en quête d'une existence paisible et sereine.
En échange, le roi autoproclamé des lieux demande à chaque habitant majeur et vacciné de lui confier son souhait le plus précieux, laissant miroiter la possibilité que celui-ci soit un jour exaucé. Le seul hic, c'est qu'une fois ledit souhait confié à Magnifico, l'individu concerné oublie complètement de quoi il s'agit.
Enfin bref, tout le royaume aime son souverain, et ce dernier le leur rend bien.
Mais lorsque la jeune Asha obtient un entretien pour devenir l'apprentie de Magnifico, celle-ci découvre que le roi n'est pas enclin à réaliser tous les rêves qui lui sont confiés, considérant que certains pourraient mettre en péril l'harmonie du royaume.
Un peu paranoïaque, notre brave gaillard? Oui, probablement. Mais il y a quand même ici une dose de ce que nous pourrions appeler « le gros bon sens ».
Malgré tout, Asha ne se remet pas de cette découverte, et après avoir chanté à tue-tête en pleine nuit au milieu des bois, elle est visitée par une étoile qui peut l'aider à récupérer les souhaits des membres de sa famille.
Évidemment, cette manifestation n'aide pas Magnifico à gérer son anxiété, et ce dernier est tenté pour la première fois de son existence d'utiliser la magie noire pour défendre son legs face à cette menace inattendue.
Soyons maintenant francs : le concept même de Wish (vous savez, celui dont le film tire son titre) ne fait aucun sens.
Déjà, les bonnes gens du village confient à Magnifico des souhaits aussi impossibles à réaliser que faire naviguer un bateau, apprendre à jouer de la guitare et escalader une montagne.
Vous savez, le genre de choses que vous ne pouvez pas du tout APPRENDRE PAR VOUS-MÊMES - nous sommes légèrement de mauvaise foi ici, mais nous y reviendrons.
Et parlant d'apprentissage, il est clarifié dès le départ que n'importe qui se donnant la peine d'ouvrir quelques livres peut apprendre à maîtriser la magie. Mais une seule personne dans l'univers semble avoir considéré cette option...
Une fois de plus, Disney nous propose un film dont les bases du récit ont été à peine réfléchies par des auteurs plus occupés à vouloir défendre leurs propres intérêts et idéaux.
Et ce n'est même pas que Wish soit nécessairement excessif dans son désir de faire la morale. Le long métrage met même la pédale douce à cet égard, si nous le comparons avec certains de ses contemporains beaucoup plus insistants.
Mais si nous plaçons Wish à côté de productions québécoises, certes, moins vertigineuses sur le plan technique, mais ayant visiblement à coeur son public cible, comme Katak, le brave béluga ou La légende du papillon, l'impression qui ressort du présent opus est celle d'un groupe de scénaristes plus intéressés à s'écouter parler qu'à faire un divertissement engageant pour les enfants.
À une exception près, les numéros musicaux sont tout aussi peu inspirés. Vous ne trouverez pas ici de « Let It Go » ou de « We Don't Talk About Bruno ».
Le morceau le plus intéressant sur le plan musical retient néanmoins l'attention pour les mauvaises raisons, alors qu'Asha et ses amis stéréotypés au possible s'ameutent pour se convaincre que Magnifico mérite d'être « cancellé », car, au fond, il n'a fait que cacher sa véritable nature pendant toutes ces années - même si plusieurs éléments du film suggèrent précisément le contraire.
Il y a une histoire pertinente qui traine quelque part dans les méandres de cet échec. Une histoire sur des personnages imparfaits évoluant de part et d'autre d'une vision du monde. Des personnages qui commettent des erreurs, mais qui gagneraient tous à mettre un peu d'eau dans leur vin et à unir leurs forces pour bâtir un monde encore meilleur.
Vous savez, exactement comme les auteurs d'Encanto avaient su faire preuve d'empathie et de gros bon sens envers la matriarche écorchée de la famille Madrigal...
L'idée d'un roi offrant une vie paisible à ses sujets en les rendant inconsciemment apathiques est tout aussi mal explorée, elle qui était pourtant diablement substantielle.
Au lieu de cela, nous nous retrouvons plutôt face à un film unidimensionnel, mécanique, manipulateur, sans réel humour, dont le dernier acte se complait à essayer de recréer le climat pouvant régner sur X (ou Twitter pour les plus vieux) tellement toute place à une réflexion tempérée - et non réactionnaire - est inexistante.
Une telle proposition intéresse vraiment quelqu'un?