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Black Western.
L’idée excitante de s’accaparer un genre culte du septième art et de lui administrer un traitement revu et corrigé sous le prisme de l’identité (de genre et de couleur de peau) était particulièrement alléchante. Jeymes Samuel dépoussière donc le western, genre ô combien mythique et codifié, avec force et fracas en donnant les rôles principaux exclusivement à des acteurs afro-américains et en donnant une place importante aux femmes (et même aux personnes potentiellement transgenres!). Il donne ainsi un coup de pied aux traditions en se dirigeant vers une sorte d’uchronie parfaitement jouissive que n’aurait pas renié Tarantino. Il réécrit donc l’histoire du western à la sauce black, s’inscrivant dans une démarche à la fois pertinente, à la mode mais aussi un peu opportuniste. Cependant ce n’est jamais pensé comme un doigt d’honneur aux autres publics, juste comme une récréation qui réinvente le passé. Cette humilité et le côté cool assumé rendent « The harder they fall » très sympathique. Et il faut dire que ce n’est pas la première fois que l’on voit une communauté investir un genre en lui offrant un lifting identitaire. Si pour la comédie romantique ou le film d’horreur cela ne nous interpelle pas, pour un western c’est bien plus étonnant. Et c’est ce qui fait pour beaucoup dans le plaisir que l’on prend à regarder cette relecture du genre.
Le long-métrage débute sur les chapeaux de roue. L’introduction est de haute volée ainsi que les quelques séquences qui s’en suivent. Ensuite et malheureusement, si la hype est toujours présente ainsi que de nombreuses fulgurances de mise en scène, le récit devient plus balisé et ne fait pas honneur à l’originalité de la proposition, pourtant assumée de bout en bout. « The harder they fall » fait le mauvais choix de trop s’étirer, parfois pour rien, et de nous délivrer une histoire plutôt basique, commune et balisée. En effet, on est face à une banale histoire de vengeance et de gangs qui s’affrontent pour un butin. Heureusement, un rebondissement bien négocié vient raviver tout cela lors du final. Pas que l’on s’ennuie, mais si ce n’est la forme et ce détournement de l’histoire parfaitement assimilé, les grandes lignes du script ne nous surprennent que très rarement.
Mais on prend un plaisir non feint à se régaler des scènes de fusillades très violentes et sans concessions, où les effusions de sang sont filmées de manière décomplexée. On est plus étonné (en bien) de voir que bon nombre de clichés sont évités et que le film s’amuse à prendre le spectateur à revers dans certains duels que l’on pensait courus d’avance. La bande originale détonne malicieusement et colle idéalement à ce côté inédit dans le genre, que l’on pourrait presque qualifier d’univers parallèle. Les décors sont magnifiques et « They harder they fall » déploie ces idées pour le moins surprenantes avec discernement (la ville blanche, l’attaque de train, ...). Alors si sur le pan du récit on suit tout cela de manière programmatique, cette œuvre nous repait de son idée originale, bien pensée et digérée. Et, surtout, elle nous fait découvrir un réalisateur brillant, très doué avec la caméra et aux goûts esthétiques vraiment plaisants. Imparfaite certes, mais une bonne surprise quand même.
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