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L'enfant au carré.
Il est rare de le souligner de la sorte mais lorsque la distribution toute entière d’un film est au diapason et s’avère formidable, il faut le dire. Et les quatre acteurs qui forment les deux couples de ce film, « Le Sixième enfant », sont excellents. Chacun, dans des rôles bien creusés et bien écrits avec ses tourments, ses émotions, ses convictions, sa sensibilité, sa logique ainsi que des réactions qui leurs sont propres et compréhensibles pour le spectateur. On se met donc à leur place car ils sonnent vrais et le processus d’identification pour le spectateur est total. Tous les quatre sont bons et aucun ne verse dans la caricature ou dans la facilité et ils évitent tous les clichés à tel point qu’on ne peut trouver l’un meilleur que l’autre. La famille pauvre et croyante est loin d’être bête malgré leur peu d’éducation tandis que le couple bourgeois n’est pas figé dans ce côté nanti et inaccessible que l’on retrouve souvent pour dépeindre les plus aisés dans le cinéma social.
Car oui, dans « Le Sixième enfant » il est fortement question de social. Les enjeux ici sont aussi bien psychologiques et légaux que sociologiques et moraux. Et le dilemme qui s’offre à ces quatre personnages aux sensibilités différentes est vraiment bien retranscrit. Malgré l’enjeu plutôt dramatique qui se joue ici, le film n’est pourtant pas avare de quelques traits d’humour dans les dialogues et les répliques. Le sujet est brillamment appréhendé et lorsqu’on se dit à plusieurs reprises que la volonté d’acheter cet enfant n’a pas de sens avec tous les moyens pour adopter aujourd’hui, le script nous révèle petit à petit et avec intelligence le pourquoi du comment de ce choix. Et il y a aussi un côté suspense bien négocié puisqu’on a peur pour les protagonistes et qu’on se demande bien comment tout cela va se terminer.
Le plus impressionnant, outre la direction d’acteurs comme vu plus haut, est de savoir que « Le Sixieme enfant » est un premier film. Et la maîtrise avec laquelle Leopold Legrand s’empare de son sujet force le respect. Sa mise en scène est très appliquée, loin de l’imagerie télévisuelle qu’un tel sujet aurait pu laisser croire et, sans facéties inutiles, il filme les atermoiements de ces quatre personnages de la manière la plus indiquée qui soit. Il y a certes quelques petites longueurs dans le dernier tiers mais un événement inattendu va rebattre les cartes sur la fin tout en posant des questionnements sociétaux utiles. Certains crieront à la morale hypocrite mais nous ne l’avons pas vu comme cela. En somme, un très beau premier film, fort, poignant et captivant en plus d’être bien écrit et de pouvoir compter sur quatre comédiens bien castés et en état de grâce.
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