Ce n'est pas le secret qui compte, dans cette comédie douce-amère sur la famille, mais les choses qu'on se dit, la gorge serrée et les yeux ailleurs, avec tous ces souvenirs en tête.
La réalisatrice Ghyslaine Côté, forte du succès d'Elles étaient cinq, réalise un troisième long-métrage, ayant cette fois-ci comme toile de fond les fleurs et les costumes noirs d'un salon funéraire. Avec une panoplie d'actrices, la cinéaste réalise une comédie dramatique bien balancée et rarement forcée, qui fait rire assez pour faire réfléchir sur la mort et sur la famille. Subtilement touchant et agréable à regarder.
En cette veille du jour de l'an, toute la famille est réunie. Jeanne, sa mère Blanche, ainsi que ses tantes et sa cousine Annie sont venues assister aux funérailles de Jos, le père de Jeanne. Sauf que l'insistance d'Annie pour tenter de prouver que Jos, un coureur de jupon notoire, est aussi son père va révéler de vieilles disputes et de vieux secrets.
L'histoire du Secret de ma mère s'articule autour de Jeanne, mais passe par toute la famille. C'est certainement pour cette raison que les personnages secondaires sont d'une richesse et d'une profondeur rares qui trouveront écho à travers les années. Des années 50 à aujourd'hui, la reconstitution historique est convaincante, les transformations aussi et le relais est passé brillamment entre Joëlle Morin et Ginette Reno, toutes les deux brûlantes d'émotivité, et entre Bianca Gervais et Paule Baillargeon. Et on prend réellement plaisir à voir tout le monde cohabiter, d'autant que Le secret de ma mère n'a pas peur des confrontations, des révélations et des disputes.
Les dialogues de Martin Girard et de Ghislaine Côté sont souvent savoureux, régulièrement drôle et parfois... désynchronisés. Mais, malgré les quelques défauts de post-synchronisation, on appréciera la justesse de plusieurs répliques, l'humour inoffensif basé sur les quiproquos et le malaise, bien rendu par les actrices Clémence Desrochers et Marie-Chantal Perron, qui servent bien la partie « comédie » de la comédie dramatique.
Sans exception, toutes les actrices sont très efficaces dans leur responsabilité respectives, certains doivent faire rire, d'autre émouvoir, ce n'est pas très subtil mais c'est très bien dosé.
En utilisant la formule des flash-back, la réalisatrice s'assure de suivre la mode québécoise d'intégrer dans le passé historique du pays chacune de ses histoires. Cette fois-ci, c'est Jeanne qui est née pendant les émeutes du soir de la St-Jean 1968. Et divers clins d'oeil burlesques à un couple d'anglais de Westmount, à la langue anglaise ou à un certain Roger parsèment le film sans vraiment d'utilité, sinon un règlement de compte ou une autre tentative comique un peu maladroite et qui détonne par rapport à la sobriété de l'ensemble.
L'explication de ce fameux secret tombe aussi un peu dans la parodie, et s'avère peu, ou pas, surprenant, dans la mesure où on n'a pas d'attachement précis ou de moyen de dénouer le mystère avant qu'il ne nous soit révélé. Mais aucune importance, la richesse du Secret de ma mère est ailleurs; dans ses actrices, ses dialogues et sa facilité à mélanger le comique et le dramatique sans délaisser ni l'un, ni l'autre. Une belle réussite.
Ce n'est pas le secret qui compte, dans cette comédie douce-amère sur la famille, mais les choses qu'on se dit, la gorge serrée et les yeux ailleurs, avec tous ces souvenirs en tête.
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