Espionnage chic et stimulation neuronale.
Soderbergh fait partie de trois catégories de cinéastes au moins. La première est celle des réalisateurs qui tournent plus vite que leur ombre, à un rythme presque stakhanoviste (« Presence » son dernier film date de janvier même s’il avait été tourné bien avant) qui le fait enchaîner les projets à un rythme soutenu d’au moins un film par an en moyenne tel le Woody Allen d’antan. La seconde est celle des cinéastes hétéroclites et versatiles, le monsieur pouvant enchaîner un film fantastique avec un film judiciaire suivi d’un film d’espionnage à gros casting comme ici avec « Black Bag ». Enfin, il est de ceux qui savent alterner les très gros films de studio comme la saga des « Ocean’s » avec des films indépendants aux mises de fonds minuscules comme celui qui l’a fait connaître et qui lui a valu une Palme d’or (« Sexe, mensonges et vidéos ») ou « Bubble » mais aussi des budgets plus moyens (chose de plus en plus rare à Hollywood notamment).
Cet excellent cru qu’est « Black Bag » suit donc d’à peine un an niveau tournage son précédent opus, se révèle être un film d’espionnage - donc encore un nouveau genre pour lui si l’on omet l’horrible « The Informant » à la tonalité cependant bien différente - et un budget confortable mais pas exorbitant avec casting prestigieux. Bref, encore une fois, il est imprévisible et c’est très bien surtout quand le résultat est réussi comme ici et symptomatique de la maîtrise de son art.
Cette manière de faire lui va donc bien tant « Black Bag » est un plaisir de cinéma dans tout ce que cela peut signifier. Il y a d’abord ce superbe casting britannique composé de très grands acteurs qui prennent plaisir à se donner la réplique dans ce jeu de dupes. Michael Fassbender nous rejoue l’agent rigide et méthodique de « The Killer » avec délectation et l’impériale Cate Blanchett est admirable de charme et de pugnacité quand Pierce Brosnan nous fait l’honneur d’un second rôle qui lui va comme un gant. À leurs côtés, un quartet de jeunes acteurs prometteurs plus ou moins affirmés sont au diapason pour nous satisfaire (Tom Burke, Marisa Abela, Naomie Harris et Régé-Jean Page). Une distribution chic et so british à l’instar du film et de sa mise en scène raffinée, à la fois simple et efficace. « Black Bag » est un film d’espionnage à la fois ultra réaliste et pourtant paradoxalement très romancé est un plaisir à suivre, surtout qu’il ne souffre d’aucune longueur et nous happe durant une heure et demie malgré son intrigue particulièrement complexe et retorse.
C’est peut-être le seul point plus ou moins négatif du film. On défie quiconque d’avoir saisi en détail tous les tenants et les aboutissants de ce jeu de trahison et de manipulation. Le final assez explicatif nous en éclaircit les grandes lignes mais il faut s’accrocher! Double voire triple jeu, retournements de situation, termes complexes et techniques, beaucoup de noms, liens troubles entre les personnages et desseins pas toujours clairs, ... Tout cela condensé en une heure trente minutes top chrono où il mêle le micro (le couple principal et leur vie privée) et le macro (le contexte géopolitique de l’intrigue) avec brio. Bref, c’est costaud pour les neurones... Qu’importe, le plaisir ici est davantage dans le voyage que la destination et celui-ci est un véritable plaisir de cinéma.
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Pas le film de l’année ….
Un peu dur à suivre, 2 étoiles 1/2 pour la beauté de Cate Blanchet !!!
Main dans le sac
Un film très classe et passionnant. Les acteurs sont tous très bons et l'histoire est bien ficelée. Fassbender est formidable comme toujours et Blanchet l'est tout autant.
