Ce qui retient l'attention dès les premiers instants de Kingdom of the Planet of the Apes, c'est l'immense qualité du projet sur le plan technique. Cet énième épisode, quelque peu inattendu après la fin de la précédente trilogie, a visiblement été concocté par des artisans qui avaient à coeur le mandat qui leur a été confié.
Disney et ses studios satellites ont éprouvé beaucoup de difficultés au cours des dernières années en ce qui a trait aux effets visuels, nous donnant des résultats souvent indignes d'une production dans laquelle avaient été injectés des centaines de millions de dollars. Mais le réalisateur Wes Ball et son équipe ont su relever ce défi haut la main, parvenant à nous faire oublier que la majorité des éléments défilant sous nos yeux sont nés de l'utilisation de divers logiciels.
Surtout, Ball parvient à insuffler cette même attention aux détails dans la façon dont il déploie l'univers de son film.
Nous sommes désormais on ne peut plus habitués aux paysages post-apocalyptiques où la nature a repris tous ses droits. Là où Kingdom of the Planet of the Apes tire son épingle du jeu, c'est en se servant de ceux-ci pour développer la vision, le caractère, la culture et les bases sociales de ses personnages primates.
Nous sommes catapultés plusieurs générations après la mort de César, les primates vivent paisiblement, séparés en différents clans. Celui du jeune Noa cherche à préserver le lien puissant qu'il entretient avec la nature, notamment par l'entremise de l'élevage d'oiseaux de proie.
Mais tout bascule lorsque son village est brûlé, et que ses semblables sont déplacés par un groupe ayant une tout autre vision en tête pour assurer leur avenir, et possédant une technologie encore inédite.
Noa entreprend donc de retrouver la trace des ravisseurs afin de libérer ses proches. En chemin, il fait la connaissance de Raka, un vieux sage qui lui ouvre peu à peu les yeux sur l'héritage de César, et Nova, une humaine qui le suit partout, et semble plus intelligente que la moyenne des membres de son espèce, peu outillée pour faire face aux dangers et réalités de la vie à l'état sauvage.
Leur périple prend toutefois une tournure inattendue à mesure que Noa prend conscience des origines du monde qui l'entoure, et que Nova dévoile des capacités insoupçonnées.
La connaissance et la compréhension de l'Histoire, de l'évolution et la déformation des symboles, des idées et des leçons d'autrefois, venant inévitablement avec le passage du temps, occupent une place très importante dans le scénario de Josh Friedman, qui présente habilement deux façons très différentes d'appliquer le discours de César.
Ball et Friedman effectuent le tout en amenant toujours le spectateur à se poser une nouvelle question sur la validité d'un discours, la valeur des intentions, l'acceptation ou le refus de celles-ci. Tout cela en poussant le spectateur à voir le monde à travers les yeux de Noa, tout en utilisant sa connaissance du contexte global pour prendre en compte la pression, les craintes et les gestes posés formant ces infinies zones grises.
Si le film étire, certes, un peu l'élastique de la vraisemblance à cet égard en fin de parcours, les dernières révélations apportent à leur tour de nouvelles interrogations, pavant déjà la voie pour l'avenir de la franchise.
Car contrairement à bien des récits de science-fiction, les personnes impliquées n'oublient jamais la grandeur du monde dans lequel leur histoire prend place, et surtout l'incapacité de savoir réellement ce qui peut se tramer au-delà de certaines frontières. Et ce simple constat ouvre la porte ici à une multitude de possibilités.
L'idée de poursuivre la saga après que Matt Reeves eut signé deux de ses chapitres les plus aboutis venait avec une sérieuse remise en question de la réelle nécessité d'un tel projet.
Mais la qualité formelle, ainsi que la clairvoyance et l'ingéniosité du scénario sont au rendez-vous. Affichant une durée de près de deux heures et demi, il est évident que le récit de Kingdom of the Planet of the Apes aurait pu être resserré davantage, surtout pour donner plus de corps et d'impact à des personnages importants de la deuxième partie, introduits un peu trop sur le tard.
Ball fait néanmoins bon usage de tout le temps qui lui est alloué pour démontrer sa capacité à bâtir un univers de manière tangible, donner vie à ses environnements, et ne pas limiter ses personnages qu'à une simple caractéristique ou à une fonction.
Bref, de quoi nous mettre en confiance quant à l'implication de ce dernier dans la production et la réalisation de l'adaptation en prises de vue réelles à venir de The Legend of Zelda.