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Belle littérature.
C’est le sixième film à la suite des frères Arnaud et Jean-Marie Larrieu ensemble mais, avant leur première collaboration, Jean-Marie le plus âgé des frères tournait déjà en solo des œuvres du même acabit, souvent rurales et toujours iconoclastes et un peu décalées. Au sein de leur filmographie, il y en a eu parfois des très (trop) singulières et qui nous laissaient sur le bas-côté (« Tralala ») quand d’autres étaient plus maîtrisées et fédératrices (« L’Amour est un crime parfait »). Enfin, certaines très particulières et clivantes ont su envoûter une partie du public dont nous faisons partie comme « Peindre ou faire l’amour » (mais réalisée celle-ci par Jean-Marie Larrieu seul). Une chose est sûre, « Le Roman de Jim » figure comme leur film de la consécration tant il est plus accessible et parlera à tout le monde. Seul le premier quart du long-métrage paraît peut-être un peu moins attractif et moins engageant, faisant qu’on a du mal à entrer dans le film. Mais dès que la problématique avec le petit Jim fait son entrée ainsi que la vie dans ce chalet du Jura, c’est un petit enchantement de chaque instant.
Adapté d’un roman de Pierric Bailly, ce mélodrame qui s’étend sur plus de vingt ans ne fait pourtant pas film fleuve mais petit récit intimiste (et c’est aussi ce qui fait son charme). Porté par un Karim Leklou décidément de plus en plus versatile et étonnant qui nous subjugue dans ce rôle magnifique, ce long-métrage nous cueille de manière exponentielle. L’acteur est secondé ici par l’excellence de deux actrices atypiques et douées, totalement adaptées à l’univers des frères Larrieu : il s’agit de Laetita Dosch et Sara Giraudeau. Tous les trois participent à faire de « Le Roman de Jim » un petit bijou de cinéma qui nous conquiert et nous emplit le cœur de belles choses plus les minutes passent. Le cadre Jurassien décidément à la mode avec, entre autres le futur « Vingt Dieux », donne un cachet rural tout aussi valorisant et peu commun à cette histoire de paternité partagée entre le lien du cœur et celui du sang.
Jamais le film ne verse dans la sensiblerie et, malgré la tristesse de certaines événements, on pourrait même dire qu’il adopte plutôt une certaine légèreté qui lui va particulièrement bien. Il faut avouer qu’à plusieurs reprises on a les yeux embués de chagrin tellement ce qu’il nous est donné de voir à l’écran nous bouleverse. On en vient même à être étonné de cela vu le début moins réussi voire un peu raté du long-métrage. « Le Roman de Jim » parvient donc à nous embarquer dans sa belle histoire peuplée de personnages simples, beaux et vrais magnifiquement écrits à qui le scénario offre des dialogues ciselés tout aussi naturels. On sort de la salle le cœur léger et lourd à la fois mais avec une sorte de plénitude d’esprit qui fait du bien notamment grâce à une dernière partie déchirante et solaire rempli de séquences plus merveilleuses et touchantes les unes que les autres. Un petit miracle de cinéma qui nous donne beaucoup l’air de rien et une très belle histoire terre-à-terre et juste. Bravo!
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