Des films de ce genre - mélangeant allégrement fantastique, guerre, légende, faits historiques et aventures - Hollywood en fait des dizaines par année. La plupart sont oubliés rapidement (comme Dracula Untold ou Abraham Lincoln: Vampire Hunter) alors que d'autres marquent les esprits, comme 300 par exemple. Grâce à ses Sherlock Holmes, Guy Ritchie est, depuis quelques années, un des réalisateurs les plus demandés à Hollywood. Et, c'est principalement grâce à son travail habile derrière la caméra que King Arthur: Legend of the Sword n'est pas aussi insupportable que certains de ses prédécesseurs.
Les premières minutes du film sont même plutôt convaincantes, si ce n'est de ces éléphants gigantesques de CGI qui nous rappellent bien trop l'univers du jeu vidéo. Le montage dynamique, les coupes franches et l'humour irrévérencieux du réalisateur permettent au long métrage de se différencier des autres, souvent bien trop sages et prévisibles. L'audace du cinéaste n'empêche quand même pas le film de tomber dans l'ennui. Rapidement, le film qu'on croyait différent nous rappelle les échecs antérieurs. Encore un héros déchu qui se bat pour l'honneur et qui est habité par un inconstestable désir de vengeance. Les 45 dernières minutes de l'oeuvre ont perdu toute la saveur singulière des premières scènes. Bientôt, il n'y a plus que des guerriers analogues qui s'affrontent à l'épée et des monstres générés par ordinateur.
Charlie Hunnam se débrouille assez bien dans le rôle d'un jeune Arthur devant accepter son destin et faire face à son passé. Précisons que le film est un prologue à l'histoire des Chevaliers de la Table ronde. Il brosse le portrait d'un jeune prince recueilli par des prostitués d'un village voisin après que ses parents aient été assassinés par son oncle et qu'il ait fui dans une barque. L'enfant deviendra tenancier d'une maison de débauche jusqu'à ce qu'il libère l'épée Escalibur de son rocher. S'en suivra une quête de vérité un peu navrante... Hunnam fait de ce personnage - que l'on connaît très noble et valeureux - un voleur effronté, arrogant et sexy. On s'attache rapidement à cet Arthur atypique. De son côté, Jude Law interprète un méchant vicieux et méprisant, mais bien trop commun pour se distinguer. Ce vilain frère du Roi, imbu de pouvoir, prêt à tout sacrifier pour conserver son trône et son autorité, nous l'avons vu trop souvent au cinéma.
Charlie Hunnam et Guy Ritchie font de ce film, qu'on imaginait du même calibre que l'épouvantable The Three Musketeers de Paul W.S. Anderson, une oeuvre supportable. Il serait par contre excessif de parler d'un « bon » film, mais King Arthur: Legend of the Sword surprend à plusieurs niveaux et mérite le qualificatif « supportable ». C'est déjà mieux que rien, diront certains...