Le révélateur
« Philippe Garrel n'a que vingt ans quand, vers la fin des événements de mai 68, après l'expulsion de Daniel Cohn-Bendit (dit Dany le Rouge), il décide de partir filmer en Allemagne, dans la Forêt Noire, aux environs de Munich, avec Bernadette Lafont, Laurent Terzieff, le jeune Stanislas Robiolle et une minuscule équipe, en une semaine, son troisième long métrage, muet, en noir et blanc. Un père, une mère, un enfant — dont la trinité constitue un des motifs clés de l'œuvre de Garrel — jetés dans des lieux (une route, une forêt, une chambre, un théâtre) sur lesquels plane un climat de menace permanent, s'agencent, se suivent, se fuient, se regardent, suivant des chorégraphies aussi précises que mystérieuses, évoquant tantôt des lointains souvenirs d'enfance, des figures religieuses, des situations de guerre ou le confort souvent inquiétant de l'intimité familiale. »