Nanny McPhee est un personnage intrigant, pertinent et rigolo, elle influence positivement les petits sans pour autant être moralisatrice ou sermonneuse. Si elle était présentée pour la première fois au grand écran, ses manières inorthodoxes, ses aptitudes surnaturelles et son magnétisme auraient tôt fait de convaincre les cinéphiles de la qualité pittoresque du récit. Mais (comme c'est trop souvent le cas) une suite ampute l'histoire de son caractère authentique et indépendant, souvent essentiel à la pertinence de l'oeuvre. Cette famille d'agriculteurs, abandonnés par la figure paternelle partie à la guerre, et leurs deux cousins gâtés et sophistiqués, ne sont pas assez intéressants pour soutenir l'impérativité, la nécessité d'une telle l'histoire dans le paysage cinématographique (surtout en considérant l'offre colossale de films familiaux en ce moment).
Isabel Green a beaucoup de difficulté à élever ses trois enfants convenablement, en plus de gérer un magasin et la ferme familiale en l'absence de son mari, parti à la guerre. Lorsqu'elle doit également prendre soin de ses deux neveux, venus directement de Londres, Isabel réclame de l'aide de Nounou McPhee, un étrange personnage qui se présente un jour à sa porte, disant avoir été envoyé par l'armée. Utilisant ses pouvoirs magiques et sa perspicacité légendaire, Nounou McPhee se donnera comme mission d'enseigner cinq leçons très importantes aux enfants. Mais elle n'a qu'une règle stricte : « lorsque vous avez besoin de moi et que vous ne voulez pas de moi, je reste, et lorsque vous n'avez plus besoin de moi, mais voulez de moi, je pars ».
Cette période incertaine de l'histoire, cette époque où l'on ignorait si une bombe allait s'écrouler sur notre maison ou si les ennemis allaient envahir notre village, est une ère riche en secrets et (bien malheureusement) en tourmente. Mais Le retour de Nounou McPhee ne décrit pas la tristesse et la peur que pouvaient renfermer ces jours d'hostilité militaire, il dépeint plutôt un monde paisible et optimiste où l'on conservait précieusement un pot de confiture pour le retour de son papa soldat. Bien qu'on ne s'attarde que très peu sur les répercussions et interprétations de la guerre, il est tout de même judicieux de placer ce récit loufoque et souvent déjanté dans une période - tourmentée - méconnue des jeunes occidentaux.
Les blagues sont (malheureusement) très souvent de premier niveau. La bouse, les rots, les pets et les cochons volants sont très certainement amusants pour les tout-petits, mais faut-il qu'ils gorgent le récit de manière aussi chaotique pour atteindre leur cible? L'oiseau qui pousse des rots bruyants et disgracieux parce qu'il se goinfre de mastic de fenêtre est admissible à prime à bord, mais pourquoi faut-il pousser le principe jusqu'à dépasser - de manière abracadabrante - les limites du ridicule?
Emma Thompson et Maggie Gyllenhaal démontrent un talent honorable dans leur rôle respectif même si l'histoire est davantage tournée vers les enfants qui s'efforcent (le problème est ici, dans l'acharnement) de jouer naïvement, candidement. Le retour de Nounou McPhee n'est ni ennuyant, ni désagréable, mais il n'est très certainement pas une révélation d'originalité et d'audace. Il est ce que l'on s'attend plus ou moins de lui; facile, cocasse et distrayant. Mais, à ce compte-là, la vue d'un appareil de la voirie, d'un camion de pompier ou d'une grue a le même effet (et coûte beaucoup moins cher) pour ces petits êtres au regard neuf.
Les blagues sont (malheureusement) très souvent de premier niveau. La bouse, les rots, les pets et les cochons volants sont très certainement amusants pour les tout-petits, mais faut-il qu'ils gorgent le récit de manière aussi chaotique pour atteindre leur cible?
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