Le repenti s'avère plutôt creux, voire inutile. Inutile en ce sens qu'il agit au sein d'un circuit fermé, il ne s'évertue pas à décrire un fléau, mais plutôt à brosser le pâle portrait de l'une de ses victimes sans prendre de distance (qui aurait été nécessaire ici). Ce genre de cinéma tend généralement à dénoncer une injustice, à décrier les faiblesses d'un système social, politique, scolaire, etc., mais comme le réalisateur a choisi d'être intimiste, le portrait global est rapidement oublié au profit d'une histoire composite que le public essaie de déchiffrer grâce à des indices qu'on lui transmet sporadiquement, mais bien trop sporadiquement.
La finale sévère, qui laisse peut de place à l'interprétation et au débat, vient également contribuer à l'« inutilité » d'une oeuvre comme Le repenti.
Règle générale, nous, Nord-Américains, sommes très peu conscients des drames qui se jouent en Algérie (désintérêt ou déni de la presse? Là n'est pas le débat aujourd'hui), et, même si un intertitre nous explique le contexte - légal et politique - dans lequel se déroulent les évènements du film, un public non averti est malgré tout projeté dans un univers alambiqué qui cache bien plus d'enjeux que celui qu'on nous explique d'emblée.
Le scénariste et réalisateur Merzak Allouache cherche à développer une intrigue. Pour ce faire, il cache volontairement des éléments importants de l'histoire au public grâce à des sauts dans le temps - souvent déconcertants - et des conversations absconses, de manière à ce qu'on se questionne presque jusqu'à la toute fin sur quel est le lien entre ce pharmacien alcoolique et cet ancien terroriste repenti?
Les acteurs s'avèrent, pour leur part, assez compétents dans les rôles qu'on leur demande d'interpréter, particulièrement Adila Bendimerad qui prêche habilement dans l'excès, de colère et d'amertume. Khaled Benaissa et Nabil Asli sont plus pondérés pour leur part mais certainement pas moins crédibles. Leur jeu permet au public de s'engager dans cette histoire malgré toute sa complexité.
Le film avait une hypothèse très forte et prenante avec laquelle travailler - est-ce qu'un terroriste accusé d'avoir assassiné froidement mères et enfants peut obtenir l'absolution de son peuple et de son Dieu? - et avait même une vraie loi (celle de la Concorde civile, entrée en vigueur en 2000) pour contribuer à la cohérence de son récit. Et pourtant, l'oeuvre ne trouve jamais vraiment sa voie, ou ne s'y engage jamais complètement. Il ne suffit pas d'ajouter une caméra à l'épaule dans les moments qu'on voudrait plus intenses ou des gros plans pour démontrer la douleur émotionnelle des protagonistes, il faut d'abord affubler une âme à son film, et surtout une cohérence, et ça, Merzak Allouache semble l'avoir oublié...