Un film comme Draft Day ne peut pas s'appuyer sur des effets spéciaux spectaculaires pour détourner l'attention des spectateurs de la qualité du scénario. Il ne peut pas reposer sur les performances des acteurs qui ne sont, en fin de compte, qu'un vulgaire pivot à une narration qui se doit d'être captivante. L'histoire de ce directeur d'une équipe de football américain qui doit faire ses choix pour la prochaine saison et décide de prendre des risques qui ne sont pas approuvés par ses collaborateurs, mais qu'il maintient, persuadé que ses idées sont les bonnes, méritait qu'on lui porte une attention particulière, effectivement, mais elle ne peut pas faire tout le travail. Elle mérite un scénario efficace pour l'épauler et, malheureusement, celui de Draft Day ne passerait pas la première ronde du repêchage.
C'est davantage l'aspect dramatique qui pose problème, puisque les scènes entourant le sport paraissent crédibles (pour un oeil très peu expert comme le mien, disons-le) et sont bien menées. Mais, dès qu'il est question de la vie personnelle du protagoniste (la mort de son père, ou sa relation amoureuse avec l'une de ses collègues), on tombe dans l'étalage de bons sentiments... et on beurre épais. On a même doit à certaines répliques clichées à l'excès telles que : « Ce qui importe, c'est ce que toi tu crois » ou encore « Il se peut que le meilleur chemin soit le plus tortueux ». Évidemment, chacune de ces phrases est accompagnée par une musique victorieuse pour nous suggérer une émotion.
L'intensité est toujours à son comble dans Draft Day. On peut comprendre que l'histoire se déroule tout de même au cours d'une journée (ou presque), mais, au final, on ne peut que ressentir une impression d'exagération face à tant de véhémences (les personnages crient, saccagent leur bureau, font des menaces aux autres, s'engueulent haut et fort, et narguent à tout vent).
Il y a aussi une chose importante que l'on remarque très rapidement dans Draft Day, et c'est l'esthétique qu'on a décidé d'employer. Mais qu'est-ce que c'est que ces split screens? Je comprends que la majorité de l'action du film met en scène deux personnes qui discutent au téléphone, mais Jerry Maguire est pourtant arrivé à le faire sans morceler l'image et jouer avec les avants et arrières plans. Pourquoi faillait-il risquer le sérieux de l'oeuvre avec une technique si archaïque? Peut-être que vers la fin, quand plusieurs personnes parlent en même temps à des endroits différents, on aurait pu avoir recourt à ce principe, mais de l'utiliser en entrée de jeu (et sans cesse) nuit considérablement à l'honorabilité du résultat final.
Côté acteur, Kevin Costner livre une performance honnête, mais sans plus. Encore une fois, l'intensité - à son paroxysme - du personnage nuit considérablement à sa crédibilité. Jennifer Garner est plutôt effacée dans un rôle sans grand intérêt (pour ne pas dire aucun), et Denis Leary est crédible, mais ne fracasse pas l'écran lui non plus.
Draft Day est un film anodin qui passera très vite sur les écrans et dans les mémoires. Si vous croyez que Draft Day pourrait vous intéresser, considérez plutôt relouer Jerry Maguire avant d'investir dans l'intensité de Costner et ses choix douteux au repêchage.