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Insupportable
Je me suis laissé influencer par les critiques unanimement positives. Et pourtant, j’ai trouvé ce film incroyablement ennuyeux, voire même insupportable.
Le film est rempli de longueurs inutiles. Les dialogues sonnent faux. L’histoire est inexistante. Le sous-texte est d’une prétention démesurée.
L’acteur Paul Kircher, qui interprète Émile, m’a irrité du début à la fin. Il n'articule pas, et son jeu est si mauvais qu’on se demande s’il essaie de jouer un personnage atteint d’un handicap mental. Ce n’est pourtant pas le cas… Il est loin d’avoir le charisme et le talent nécessaires pour porter le film sur ses épaules.
Bref, un film prétentieux et raté.
Géniale anomalie.
Bravo monsieur Cailley d’avoir mis autant de temps pour peaufiner cet incroyable film qu’est « Le Règne animal ». Tout autant que d’avoir su faire en sorte que l’on finance un tel projet avec un scénario si singulier empreint d’un sujet baignant clairement dans le fantastique, un genre déserté par notre cinéma. Après le César du meilleur premier film pour le très beau « Les Combattants », il faut avouer que le jeune cinéaste a mis la barre très haut et qu’il s’en sort avec les honneurs. En effet, ici on suit un père et son fils tentant de protéger la mère qui se transforme en animal, à l’instar d’une partie de la population, créant aversion, crainte et différents problèmes. La bonne idée est déjà de ne pas chercher à expliquer pourquoi des gens se transforment soudain en créature hybrides entre l’homme et l’animal. Un peu comme l’immense série « The Leftovers » qui ne cherchait pas à expliquer pourquoi une partie de la population avait disparu, le film garde cette part de mystère avec brio et beaucoup d’intelligence. On reprochera juste quelques longueurs tout le long du film qui aurait gagné à avoir un montage plus resserré et le fait qu’on aurait aimé voir davantage de ces créatures au design si incroyable.
En effet, une petite frustration se crée, ce qui peut être vu comme un défaut mais aussi comme une qualité. Les effets spéciaux sont proprement incroyables et tous les stades de mutation des hommes vers les animaux sont parfaitement dépeints et crédibles. Idem pour les maquillages d’un rendu impressionnant. Sans cela, « Le Règne animal » aurait peut-être fait un peu cheap et c’est tout le contraire ici, on ne peut donc que saluer l’excellent travail des artisans en effets numériques. Autre qualité indéniable : le jeu du quatuor d’acteurs choisi est d’une intensité et d’une variété folle. Le jeune Paul Kircher confirme toutes les promesses mises en lui lorsqu’on l’a découvert l’an passé dans « Le lycéen » de Christophe Honoré. Romain Duris est excellent comme à son habitude. Tom Mercier dans un rôle casse-gueule d’homme en pleine mutation vers l’oiseau est touchant et tout sauf ridicule. Enfin, dans un second rôle de gendarmette, Adèle Exarchopoulos continue de nous épater comme dans lors de toutes ces récentes prestations. Des incursions au sein de différents genres, cinématographies et univers qui réjouissent, depuis sa prestation complètement barrée dans « Mandibules » de Quentin Dupieux. Si son jeu était peu convaincant et sans nuances à ses débuts, c’est tout l’inverse depuis quelques années où elle étonne et brille.
Un tel sujet ne pouvait se résumer à un film concept au risque de tourner en rond. Cailley ne se prend jamais les pieds dans le tapis de son idée (et de son histoire) et maîtrise son film de bout en bout en la rendant pleine d’humanité, de surprises et par un angle de traitement réaliste et probant. Le réalisateur s’intéresse avant tout à l’humain, aux rapports entre les personnages et à la notion de famille. A ce titre, c’est beau et juste. Tous les protagonistes sont incarnés, attachants et procurent des émotions, même le rire parfois au détour de quelques scènes. Pourtant l’histoire et l’ambiance sont propices à un rendu anxiogène faisant parfois penser aux confinements ou aux films d’invasion zombie. On en retrouve d’ailleurs quelques codes bien assimilés ici. « Le Règne animal » est d’une maîtrise totale, nous intrigue et nous promène jamais là où on l’attend (avec parfois certes des détours un peu longuets et inutiles). Une œuvre telle que celle-ci confine même à l’anomalie dans notre paysage cinématographique tant on n’a jamais rien vu de tel et à si grande échelle dans le cinéma tricolore. Mais du cinéma ambitieux comme celui-là, il faut l’encourager tant c’est rare et précieux.
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