Sur le tapis rouge des Golden Globes cette fin de semaine, Dustin Hoffman parlait de son nouveau film avec une certaine réserve qui n'était pas des plus encourageantes pour les critiques et le public en général. « Je sais que ça ressemble au genre d'oeuvre qui pourrait sortir directement en DVD, mais ce ne l'est pas », disait-il. Pourquoi sentait-il alors le besoin de le mentionner? Pourquoi a-t-il volontairement faire naître cette idée dans ma tête? Une pensée dont je ne pouvais me défaire à l'écoute de son film. Parce que, malheureusement pour l'homme et ses bonnes intentions, Quartet possède effectivement les attributs pour faire l'objet d'une sortie direct-to-dvd; simple, anonyme et généralement inutile.
Il faut tout de même préciser que l'inutilité n'est pas une caractéristique rare à Hollywood et que la simplicité et l'anonymat ne signifient pas irrémédiablement l'échec. Même si Quartet ne possède peut-être pas le coffre nécessaire pour faire l'objet d'une large sortie en salles, il reste un film égayant, léger et, dans l'ensemble, assez bon pour un film direct-to-dvd.
Le sujet du film et l'environnement dans lequel se développe l'histoire - une maison de retraite pour les anciens musiciens - s'avère d'une originalité intrigante. Il y a quelque chose de profondément triste dans le fait d'imaginer des clarinettistes et des trompettistes qui n'ont plus suffisamment de souffle pour pousser l'air dans leurs instruments, de chanteurs d'opéra Alzheimer qui oublient où ils sont, mais jamais les paroles des chansons, et de pianistes souffrants de parkinson. Quartet possède une âme particulière et transpire d'un respect et d'une mélancolie qui le sauve probablement du désintérêt.
Pauline Collins est particulièrement touchante dans le rôle d'une soprano qui perd progressivement la mémoire au grand dam de ses amis, incarnés aussi avec brio par Maggie Smith, Tom Courtenay et Billy Connolly. De vieux acteurs - qui ont tous plus de 70 ans - qui personnifient de vieux musiciens dépourvus face à l'irrémédiable fatalité, c'est un portrait qui d'emblée séduit. Les réflexions que les personnages apportent sur la vieillesse sont - pour la plupart - constructifs et s'appliquent probablement à la létalité qui guette les acteurs vieillissants.
Pourtant, malgré la pertinence du récit, certains passages plus accessoires - notamment la relation amoureuse entre le personnage de Smith et celui de Courtenay - nuisent considérablement à l'ensemble, le faisant ressembler davantage à une nouvelle, à un téléfilm même par moment, qu'à un long métrage destiné au cinéma. Dustin Hoffman a beau le nier haut et fort, et tenter de démentir les sceptiques par de tendres discours, Quartet est un mignon petit film qu'on louera quand toutes les copies du nouveau blockbuster seront épuisées ou qu'on écoutera un dimanche matin à la télévision, emmitouflés dans nos couvertures.