The Hummingbird Project de Kim Nguyen met en vedette une impressionnante brochette de stars hollywoodiennes, à commencer par le talentueux Jesse Eisenberg. Ce dernier, qui avait su se démarquer dans The Social Network, s'avère fort crédible sous les traits de ce jeune entrepreneur obstiné prêt à tout pour réussir son projet, même si sa santé écope dans le processus.
Malgré tout, c'est Alexander Skarsgard, qui interprète son cousin, un génie informatique hors norme, qui vole la vedette. L'acteur est troublant de vérité sous les traits de ce personnage qu'on s'imagine atteint d'un trouble du spectre de l'autisme. Salma Hayek, qu'on a affublé d'un look bien particulier (à voir ci-dessous), fait aussi du bon travail en tant que la vorace PDG d'une grosse entreprise techno de New York.
Même si les acteurs relèvent haut la main le défi lancé par Nguyen, son film, lui, ne lève pas. On sent que quelque part, dans les méandres de ce scénario surchargé, se cache un thriller technologique enlevant, mais, malheureusement, ce n'est pas ce qui nous est exposé ici. Déjà, le public est projeté dans l'action bien trop promptement. On connaît à peine les noms des protagonistes que l'oeuvre nous enrôle dans une histoire aux conjonctures complexes. Les termes qui y sont utilisés sont aussi particulièrement pointus, difficiles à comprendre pour le cinéphile moyen.
La manière dont Nguyen a choisi de traiter cette histoire, de façon très rationnelle et théorique, nous laisse croire que les évènements dépeints dans le film sont inspirés de faits vécus, et pourtant non. On aurait pardonné plus facilement les raccourcis du scénario et aurait été plus empathique aux occurrences dramatiques si des faits réels venaient appuyer son propos. Là, dans les circonstances, on trouve la maladie du personnage principal un peu tiré par les cheveux et la trame narrative un peu trop rigide.
La morale du long métrage - le monde va trop rapidement et le temps nous file entre les doigts, il serait judicieux de profiter davantage du moment présent - n'est pas complètement dénuée d'intérêt, mais elle nous est proposée si tard dans le film qu'on n'a pas suffisamment de temps pour l'encaisser et la raisonner adéquatement. L'aspect comique et caustique de Hummingbird Project s'avère, pour sa part, assez intéressant, mais il n'est pas suffisamment mis de l'avant pour élever l'oeuvre, qui est trop souvent cartésienne dans ses intentions.
À certains moments, The Hummingbird Project avait des airs de la chronique de milieu The Big Short d'Adam McKay et nous laissait croire à une proposition audacieuse et déjantée. Malheureusement, cette impression s'est vite perdue dans un amoncèlement de câbles réseau et de codes trop complexes.