Hollywood n'est jamais réellement parvenu à créer une franchise viable pour Predator, qui demeure trop souvent dans l'ombre d'Alien et de Terminator. Rien ne dit que le nouveau film changera enfin la donne...
Se déroulant après les deux premiers longs métrages, mais avant le troisième, ce reboot tente de renouer avec la fraîcheur et l'intimité du tome original, ne situant plus son récit dans la jungle, mais en banlieue. C'est ainsi au sein de la faune humaine qu'agissent en toute impunité des extraterrestres compétitifs dotés d'armures rutilantes et de technologies destructrices.
Sorti en 1987, Predator est devenu une oeuvre culte, décrivant parfaitement son époque un peu insensée. Un divertissement jouissif à souhait, plaisir coupable chez certains et objet de vénération auprès des fans d'Arnold Schwarzenegger et du cinéaste John McTiernan.
Deux décennies plus tard, après une suite complètement ratée et une variation quelconque, The Predator débarque en prenant soin d'être à la fois respectueux du passé et de proposer autre chose. Un pari quelque peu audacieux, qui risque de perdre les fans de la première heure et les néophytes... ou de satisfaire leurs difficiles exigences.
Car derrière la bande-annonce, la magnifique affiche, son sujet et ses monstres, on se retrouve avec une véritable comédie. Pas une satire féroce à la Starship Troopers, mais une charge infantile, violente et peuplée de gros mots qui rend hommage à la série et qui est consciente de sa propre bêtise. Tout explose de partout, le sang gicle et les corps sont trucidés en de nombreux morceaux, avec grand plaisir et sans jamais se prendre au sérieux. C'est tout ce que The Meg aurait dû être.
Sans doute qu'il faut s'habituer à ce ton particulier, à prendre ou à laisser. Ainsi les personnages virils, antipathiques et nullement développés, ne sont que des prétextes pour assembler une brochette d'acteurs un peu fêlés qui s'amusent avec des gags douteux. La palme revient à Keegan-Michael Key, un humoriste hilarant et parfaitement dans son élément, puis à ce chien venu d'on ne sait où.
Fallait-il s'attendre à autre chose avec la présence de Shane Black derrière la caméra? Il reprend sa formule habituelle - des héros qui s'engueulent, des rires, des explosions à la tonne - sans nécessairement atteindre la même fougue que The Nice Guys, renouant avec le créateur du jubilatoire The Monster Squad pour offrir une autre bibitte délirante et décoiffante que n'aurait pas reniée Luc Besson.
Son style a toutefois ses limites et la farce ne vole pas très haut. Les moments tordants finissent par court-circuiter les scènes d'action, nombreuses mais moins excitantes, car inégales et chaotiques. Et si l'ensemble ne dépasse pas les deux heures, ses nombreuses répétitions le rendent interminable, surtout dans sa dernière ligne droite qui annonce- quoi d'autre!- une suite.
Futile et inutile, The Predator est une création complètement cinglée, certainement plus poussive que désopilante. Le réalisateur sait très bien que la version d'Arnold demeure indétrônable et il en offre un condensé sous amphétamines, pas désagréable à petite dose, mais dont le point de saturation est rapidement atteint avant la fin.