Le Petit Prince se lance dans bien des directions; parfois nous sommes dans le conte pour enfants, parfois on se retrouve dans l'allégorie imagée, à d'autres dans une métaphore filée, puis on atterrit dans une narration des plus linéaires.
Il est vrai que l'histoire de base du Petit Prince, dans toute sa beauté et sa puissance, n'en est pas une facile à adapter au cinéma. Ses nombreuses figures de style et interprétations sont plutôt laborieuses à représenter dans un film d'animation destiné aux enfants. On comprend donc l'idée derrière l'élaboration de cette histoire parallèle mettant en scène cette petite fille qui est encouragée par sa mère dans un programme d'études strict et rigoureux, et qui n'a pas l'occasion de vivre sa vie d'enfant comme il se doit. Elle rencontre ultimement un vieil aviateur qui lui raconte ses aventures et qui l'incite à rêver.
Malgré quelques libertés narratives discutables empruntées par la production, le film d'animation de Mark Osborne en est un très intéressant pour un public adulte. Le long métrage n'est par contre pas aussi passionnant pour les jeunes enfants. Les références sont complexes et les innombrables métaphores peuvent engendrer des migraines aux bambins qui auront du mal à saisir le sens caché de certaines séquences.
Il subsiste tout de même un aspect particulièrement inspirant et porteur pour toute la famille dans Le Petit Prince. Cette petite fille, à laquelle bien des jeunes femmes peuvent s'identifier, est touchante, et même si le personnage du « Petit Prince » n'est pas des plus aisés à saisir (un petit garçon amoureux d'une rose qui voyage de planète en planète avec un bouquet d'oiseaux pour se retrouver dans le désert et demander à un aviateur de lui dessiner un mouton n'est pas nécessairement ce qu'on pourrait appeler une trame évidente), il s'avère tout de même attachant et intrigant pour les plus petits.
Même si Le Petit Prince n'a pas été mené par l'un des gros studios d'animation aux États-Unis, sa qualité esthétique est égale à celle de ses adversaires. Les dessins d'un film qui porte une histoire aussi mythique devaient dégager un caractère aussi ludique et espiègle que ses textes originaux, et c'est réussi. Les deux styles d'animation utilisés dans le film (le CGI et le stop-motion) s'harmonisent parfaitement bien et particularisent l'oeuvre.
Les plus puristes seront peut-être agacés par les latitudes employées par le film, qui déforme à un certain moment l'histoire originale, mais, même eux auront du mal à ne pas être touchés par la proposition d'Osborne. Un film poignant et inspirant, malgré quelques minutes de trop et un message alambiqué, voilà ce que nous offre Le Petit Prince.