Il y a des films que l'on ne devrait jamais toucher. C'est le cas de l'inoubliable comédie Le jouet, qui devient Le nouveau jouet, une production plus quelconque qui ne passera pas à la postérité.
Sorti en 1976, Le jouet s'est rapidement taillé une place dans le coeur des cinéphiles. C'était le premier long métrage du cinéaste Francis Veber (qui allait offrir par la suite les aussi marquants La chèvre et Le dîner de cons) avec un Pierre Richard en pleine possession de ses moyens. Un classique instantané du cinéma populaire français qui a même été nommé aux Césars dans la catégorie du meilleur scénario original.
Son remake reprend grosso modo la même histoire. Un homme en mal d'argent (Jamel Debbouze) accepte de devenir le jouet du fils (Simon Faliu) de l'homme le plus riche de France (Daniel Auteuil). Ce qui change, c'est le ton.
Déjà, le long métrage se veut plus social, suivant son héros dans la cité. Un lieu loin des clichés où il y a de l'entraide et qui a sûrement convaincu Jamel Debbouze de se joindre à cette production, lui qui l'a arpenté par la bande avec Parlez-moi de la pluie, La vache et La marche. Sauf que ces considérations engagées se retrouvent plaquées et inopérantes, ne servant qu'à gonfler artificiellement une création qui traîne en longueur.
Les autres thèmes en place (l'argent qui achète tout, la difficulté d'être père, le règne de l'enfant-roi), déjà présents dans la précédente version, sont abordés au détour d'un scénario paresseux, chiche en trouvailles valables. Les conflits sont réglés en recourant au sentimentalisme d'usage et même au mélo, ce qui n'est jamais une bonne idée.
Tout cela ne serait pas si grave si le film faisait rire. Outre une ou deux situations plus cocasses, les situations s'enchaînent dans l'indifférence généralisée. Les gags mal actualisés font rarement mouche, alors que le rythme manque de finition. Quand le spectateur se force à rire, il y a quelque chose qui cloche.
C'est d'autant plus surprenant que James Huth se trouve aux commandes. Celui qui avait épaté la galerie avec Serial Lover et réalisé le culte Brice de Nice (et accessoirement sa suite). Sauf que les dernières années ne furent pas fastes avec les ratages de Rendez-vous chez les Malawas, Un bonheur n'arrive jamais seul et Lucky Luke. Plus supportable, Le nouveau jouet souffre d'un manque de personnalité, surtout que sa mise en scène professionnelle se révèle académique et passe-partout.
Il faudra donc se tourner vers le duo en place pour ne pas sombrer dans les bras de Morphée. Jamel Debbouze est parfait dans le rôle de cet homme-enfant, amenant une tendresse qui est loin d'être négligeable. Face à lui, Daniel Auteuil connaît parfaitement ce type de personnage froid et hautain, modulant subtilement sa prestation au fil du récit. Un jeune garçon plus charismatique aurait sans doute apporté beaucoup. Tout comme davantage d'espace accordé aux personnages féminins, qui s'avèrent souvent accessoires.
Qui se souvient de The Toy, le remake américain de Richard Donner qui mettait en vedette Richard Pryor et Jackie Gleason? Personne. Ce sera malheureusement le cas de cette variation plutôt terne qui s'élève à peine au ras des pâquerettes et qui donne seulement le goût de revoir la version originale.