Mais quel genre de structure narrative est-ce que celle-ci? Une très longue introduction, un développement d'à pein vingt minutes, puis une conclusion précipitée... C'est peut-être ce qui arrive quand Disney décide de s'inspirer d'une section de ses parcs d'attractions pour faire un film...
On nous promet d'emblée un monde nouveau, révolutionnaire, un endroit magique où l'espoir est chose possible et les possibilités infinies, on engendre donc irrémédiablement l'anticipation de la part du spectateur. Il devient alors impatient de découvrir cet eldorado, mais finit par outrepasser l'impatience pour atteindre l'irritation lorsqu'il comprend que ce « monde de demain » ne lui sera pas dévoilé avant 90 minutes d'une prémisse verbeuse. N'aller par contre pas croire que cette dernière n'est pas intéressante ou inefficace, elle s'avère même par moment très excitante et souvent convaincante, mais comme la mythologie est d'une complexité substantielle ici, les 2h15 que dure la production ne sont pas suffisantes pour l'expliquer adéquatement. Le concept aurait probablement fait une série télévisée de dix épisodes incroyables, mais en moins de 120 minutes, le résultat est décevant.
Il faut par contre mentionner que Tomorrowland propose des thématiques inhabituelles pour ce genre de films familiaux. Plutôt que de parler d'amour, d'amitié, d'exploiter des valeurs familiales et sociales, le long métrage de Brad Bird s'intéresse davantage à l'espoir, à l'optimisme et à l'assurance; des leitmotivs moins communs, mais ô combien rafraîchissants. Cette idée des loups; l'un représentant la lumière et l'autre la noirceur, revient régulièrement dans le film, et s'avère une image forte et persistante dans notre imaginaire. Les premières scènes - celles qui se déroulent lors de l'exposition universelle de 1964 à New York - représentent aussi l'un des meilleurs moments de Tomorrowland. De faire un lien avec le dévoilement de l'attraction « It's a Small World » de Disney lors de l'évènement new-yorkais dans les années 1960 (qui est un élément tiré de la réalité) était brillant, et fera sourire tous ceux qui ont déjà embarqué dans ces petits bateaux pour écouter les poupées chanter.
L'introduction, faite par George Clooney alors qu'il s'adresse à une caméra (et donc regarde droit dans les yeux le spectateur), n'obtient malheureusement pas l'effet escompté. Peut-être avait-on l'impression d'ainsi « structurer » davantage la production en lui affublant un narrateur, mais l'inverse se produit; ses interventions finissent par être plus dérangeantes qu'utiles. Il y a également cette brusque rupture entre un style fantastique, mais somme toute plausible, à un caractère et un langage de science-fiction assez dense et très peu vraisemblable. Quand les androïdes débarquent avec leurs armes lasers, leur force surhumaine et leur parler mécanique, l'étrangeté s'installe et ne s'en ira plus.
Tomorrowland n'est définitivement pas à la hauteur de la production révolutionnaire annoncée, mais il n'est pas question ici d'un film quelconque non plus. Même si la structure manque certainement d'équilibre, le résultat s'avère une oeuvre acceptable... qui aurait été une série télé géniale, mentionnons-le encore.