Garder son coeur d'enfant, c'est bien. Mais quand on scénarise un long-métrage de fiction pour le grand écran, il faut être prudent. D'abord parce que la plus grande qualité des enfants, c'est la créativité et l'imagination, et qu'il est d'autant plus gênant de se borner à offrir des clichés mal-vieillis quand tout était permis. Difficile de croire qu'un comptable qui a grandi trop vite et un jeune garçon qui n'a pas d'amis comme on en a vu cent sont les plus intéressantes possibilités scénaristiques d'un film pour enfants qui voudrait tellement faire croire en la magie de la vie.
Molly Mahoney travaille dans le magasin de jouets magique de Monsieur Magorium. Quand ce dernier décide de se retirer - c'est qu'à 243 ans il n'est plus très jeune -, son magasin réagit très mal et perd cette petite touche de magie qui faisait le bonheur des enfants. Pendant qu'un comptable trop sérieux est chargé de faire le ménage dans les comptes, Molly hésite à reprendre le magasin en main.
Pour le scénariste de Plus étrange que fiction, cette première expérience derrière la caméra est bien décevante. Exit toute la lucidité et l'inventivité de ce dernier. Ils sont remplacés par un symbolisme pédagogique sur « le départ », le plus inoffensif euphémisme pour parler de la mort, ce qui réduit encore plus l'âge moyen du public-cible du Merveilleux emporium de M. Magorium.
Et au-delà de l'aspect « panneau publicitaire » de ce magasin de jouets qui rappellera à grands frais aux parents et à leurs enfants que Noël approche, la magie n'est jamais complètement intégrée dans l'histoire. Pas d'interactivité à la Jumanji, on est bien plus près du cinéma des attractions de Georges Méliès que de tout autre cinéma moderne. Plein de couleurs, de paillettes, mais rien, rien d'autre, d'autant que la finale s'étire en longueurs, en revirements inutiles et en morales fades.
Même si Natalie Portman est aussi charmante qu'à son habitude, elle n'arrive jamais à insuffler au film une quelconque vigueur qui le distinguerait des autres. Si Le pont de Terabithia abordait le passage de l'enfance à l'adolescence, M. Magorium lui ne veut rien aborder du tout. Portman n'empêche pas non plus le film de s'empêtrer dans les monotones paraboles enfantines habituelles du genre « il faut accepter la magie dans sa vie », alors que Dustin Hoffman, en étrange vieillard qui aurait l'air suspect dans n'importe quel parc, est tout juste assez bon pour arracher quelques sourires en coin.
Avec son lot de couleurs et d'artifices, Le merveilleux emporium de M. Magorium s'adresse aux très jeunes enfants encore obnubilés par les petites lumières de leurs jouets. Ce n'est pas l'histoire qui va capter leur attention, ni les acteurs qui sont acceptables, au mieux. La meilleure morale que peut donner Le merveilleux Emporium de M. Magorium, c'est qu'il faut voir les choses avec son coeur d'enfant, pas les faire.
Garder son cœur d'enfant, c'est bien. Mais quand on scénarise un long-métrage de fiction pour le grand écran, il faut être prudent. D'abord parce que la plus grande qualité des enfants, c'est la créativité et l'imagination, et qu'il est d'autant plus gênant de se borner à offrir des clichés mal-vieillis quand tout était permis. Difficile de croire qu'un comptable qui a grandi trop vite et un jeune garçon qui n'a pas d'amis comme on en a vu cent sont les plus intéressantes possibilités scénaristiques d'un film pour enfants qui voudrait tellement faire croire en la magie de la vie.