********* Nous avons vu le film The Menu au Festival du Film de Toronto 2022. *********
Les films d'horreur et les suspenses d'épouvante sont des genres très prisés par les cinéphiles. Il y a donc, chaque année, une grande qualité d'oeuvres de ce type qui prennent l'affiche en salles ou sur les plateformes. Malheureusement, peu d'entre eux sont mémorables. On leur reproche souvent d'être prévisibles, clichés et édulcorés, trois défauts que ne possèdent pas The Menu. Le film Mark Mylod est même plutôt déroutant, original et parfaitement acidulé.
Le film s'amorce alors que Tyler et Margot embarquent sur un bateau avec une poignée d'autres convives afin de se rendre sur une île privée pour déguster un repas gastronomique dans un restaurant haut de gamme réputé. Sur place, le célèbre chef Slowik et son équipe accueillent chaleureusement ses invités dans le prestigieux établissement. La présence de Margot, qui n'aurait pas dû être présente ce soir-là, dérange le propriétaire. Il s'agit d'une soirée spéciale pour le chef Slowik et la jeune femme pourrait bien venir contrecarrer ses plans. Le souper festif se transforme lentement mais sûrement en cauchemar et Margot devra user d'ingéniosité si elle veut échapper au massacre.
Ralph Fiennes impressionne dans le rôle du vilain. Son personnage psychopathe donne froid dans le dos. De son côté, Anya Taylor-Joy (Margot) s'avère aussi astucieuse que son personnage. On s'attache rapidement à cette fille imparfaite, mais brillante, qui se retrouve au mauvais endroit au mauvais moment. Le reste de la distribution, dont fait partie Nicholas Hoult, John Leguizamo et Janet McTeer, épate tout autant dans des rôles de bien nantis capables des pires bassesses pour sauver leur peau.
Au-delà de sa trame narrative admirablement tordue, The Menu renferme une réflexion pertinente sur la division des classes. Les riches sont ici dépeints comme des êtres insatiables, dont les désirs et les besoins ne seront jamais entièrement comblés. C'est réjouissant de voir un film d'horreur avec un commentaire social. Il n'est pas le seul bien entendu - faut-il rappeler le formidable Get Out de Jordan Peele? - mais celui-ci résonnera de façon particulièrement inquiétante dans les salles et les salons, jusqu'à, souhaitons-le, engendrer une discussion nourrissante. Son humour tranchant (la scène finale est à la fois farfelue et perturbante) le place dans une catégorie à part. Si on avait à élaborer un genre pour The Menu, on dirait probablement : un suspense d'horreur caustique.
Ses nombreuses pointes d'humour noir, saupoudrées sur un lit d'épouvante, charmeront irrémédiablement les fans de festins sanglants. C'est le plat de résistance que vous attendiez!